Le monde en haute définition

Publié le 31 octobre 2013 par Nicolas Esse @nicolasesse

Il faudrait un écran.

Un écran incurvé, vous voyez ? Un peu comme cette bulle réfléchissante qui protège le visage des astronautes, oui, c’est ça, exactement ça! Un bout de sphère en polycarbonate injecté qu’on assemblerait sur un casque ouvert, type motard des années 60. Pour la décoration, ce serait selon les goûts de chacun, des fleurs ou une explosion nucléaire, tout serait possible, il faudrait contacter notre service de customisation.

Maintenant, passons à la réalisation. Pour commencer, on emmène l’écran en cabine et on enduit la face extérieure d’une couche opaque de peinture noire. Après un temps de séchage qui varie en fonction de la température et du taux d’humidité, l’écran est fixé sur le casque à l’aide d’une demi-douzaine de vis auto-taraudeuses pour garantir la solidité de l’assemblage en cas de choc frontal. Rendons-nous maintenant chez notre détaillant pour faire l’acquisition d’une caméra électronique de haute définition que nous fixerons ensuite sur le sommet du casque. Tendons un fil optique entre l’objectif de la caméra et la face interne de notre écran opaque. Relions les pôles négatifs et les pôles positifs de la batterie en ayant soin de respecter les indications de la notice d’assemblage.

Glissons maintenant notre tête à l’intérieur de notre prototype. Attachons la jugulaire et ouvrons les yeux. Que voyons-nous ? Rien! Bien. Comme nous avons au préalable pris soin d’enfoncer tout au fond de nos oreilles une paire d’écouteurs reliés au micro de la caméra, d’un seul coup, le silence se fait.

Nous voilà aveugles et sourds.

Une sueur froide nous inonde. L’angoisse nous étreint. Nous étouffons. Nous suffoquons! Mais, mais, MAIS ? Quelle est cette diode qui brille au bas de l’écran opaque ? Serait-ce une lueur de veille ou peut-être le signe d’un interrupteur ? Notre main s’approche et là, c’est le grand esbaudissement, l’écran s’allume, grasseye, crachote et finalement se stabilise pour nous renvoyer l’image du monde en haute définition par la grâce du palpeur photosensible couplé à un capteur CMOS de 12.1 millions de pixels. Réglage automatique en mode nuit et contre-jour. Sonde infra-rouge en option.

Sortons de chez nous dans cet équipage. Autour de nous le monde scintille en haute définition.

Le monde est une télévision.