Jean Rousselot | L’usage de la parole

Publié le 31 octobre 2013 par Angèle Paoli
« Poésie d’un jour

L’USAGE DE LA PAROLE

À Louis Parrot

Ce qui reste c’est l’aubier sédimentaire
Des hontes bues
C’est entre les paillers roussis
La ronde des enfants pauvres
C’est le tâtonnement du petit jour
Sur les plèvres endormies
Ce qui reste ce qui monte
C’est la fumée noire qui partage le jour
C’est la main calcinée qui surgit entre des laves
C’est la voix qui n’a rien à dire
Et fleurit obstinément parmi les pierres
Rien à dire car l’ombre des mots est mortelle
Et descend toujours plus bas
Sous les ornières des canons
Ce qui reste c’est
Deux bras
Deux jambes
Qui s’ignorent
Une tête admirablement vide
Qui va son chemin.

Jean Rousselot, Le Poète restitué [Le Pain Blanc, 1941] in Jean Rousselot par André Marissel, Éditions Pierre Seghers, Collection « Poètes d’aujourd’hui », 1960, page 106.

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NOTE d’AP : Jean Rousselot est né le 27 octobre 1913 à Poitiers. À l’occasion du centenaire de la naissance de Jean Rousselot paraît le 16 décembre 2013 aux éditions Rafael de Surtis : Christophe Dauphin, Jean Rousselot, le poète qui n’a pas oublié d’être.



■ Voir aussi ▼

→ (sur Recours au poème) Hommage à Jean Rousselot par Christophe Dauphin



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