Magazine Journal intime
Deux étoiles filantes
Publié le 06 mai 2008 par MirabelleAu fond, aujourd'hui, je suis plus triste que malheureuse. Le malheur, c'est le désespoir. Je ne suis pas désespérée. C'est une tristesse amère, qui ne m'entraîne plus jamais au fond du gouffre. Je ne regarde plus les clichés enregistrés sur mon ordinateur, n'écoute (quasiment) plus de morceaux cafardeux. Il me manque moins. Et je crois qu'en réalité... C'est ça qui me rend le plus triste. C'est de l'oublier. Parce que tout passe, un jour ou l'autre, qu'on le veuille ou non. Je n'ai plus le réflexe de penser à lui, ou plutôt penser à lui n'induit plus cette douleur accablante qui m'a si longtemps fait pleurer. Et ça me rend triste : le temps fait son oeuvre. C'est la vie. Et je n'y peux rien.
Je ne voulais pas l'oublier. Une minuscule partie de moi-même ne s'y résout toujours pas. Cependant, elle est si imperceptible, si discrète, que bientôt elle aura disparu. Je m'y résigne. Même quand elle hurle qu'elle est bien seule, qu'elle voudrait qu'on la console, qu'IL la console, je m'y résigne. Même quand elle me souffle que le lit est trop grand et trop froid sans lui, je m'y résigne.
Il fut une époque où j'aurais décroché les étoiles pour lui. Désormais, son image s'éloigne et je ne lutte même plus pour elle. Et c'est ça qui est triste. Au fond, je ne suis pas malheureuse. Je ne suis plus malheureuse. Je sais que tout s'oublie. Mais en oubliant, je reconnais, à contre-coeur, que je n'ai pas vécu la grande histoire d'amour que j'espérais. Que ce n'était pas lui, ma grande histoire d'amour. Dans dix, vingt, trente ans, nous nous apercevrons que nous n'avons été l'un pour l'autre qu'une histoire "entre autres", alors que sur le moment, tout était si absolu, si passionné, si définitif, si inoubliable, si douloureux. Etre tout. Puis plus rien. C'est triste. Dans dix, vingt, trente ans, nous réaliserons que nous n'avons été l'un pour l'autre que des étoiles filantes. A peine le temps de faire un voeu et nous voilà déjà partis.