Il aura plu toute la journée en ce triste mardi. J’écris triste, parce que le qualificatif s’inscrit bien dans la phrase mais il ne reflète pas du tout mon état d’esprit d’alors. Au contraire.
Le temps exécrable annoncé et prévu par la météo, j’avais anticipé la chose en me réservant ce jour pour une savoureuse longue flemme. Je suis resté chez moi, du matin au soir, à profiter pleinement de ces heures de flemmardise exquise. Ah ! Qu’il est bon de se réveiller en sachant qu’on ne fera rien de toute sa journée. J’ai donc trainé paresseusement, sans remords et sans honte, j’oserai même dire fier d’être capable de ne rien faire ainsi sans culpabiliser comme beaucoup d’autres de ma connaissance.
La musique en sourdine pour créer une ambiance cool, j’ai bouquiné. Un chapitre ou deux du roman en cours, j’ai feuilleté un vieux magazine de décoration d’intérieur toujours à portée de main car les photos sont belles et aptes à la rêverie, j’ai écrit un peu, ce billet par exemple.
Pour éviter l’ankylose, de fenêtre en fenêtre, j’ai moqué la pluie cinglant les vitres, sûr de mon impunité. J’ai regardé les passants se hâter dos courbé et souri des gamins qui reviennent de l’école traînant les pieds dans les flaques d’eau.
Ici il fait bon, la bouilloire me tire de ma torpeur en me signalant que le thé va bientôt être prêt. Allez un petit effort, le seul de ma journée, dépiauter un paquet de biscuits récalcitrant pour mon goûter. L’homme à flemme s’installe dans son canapé, la pluie redouble contre les carreaux, il est temps d’allumer une lampe et reprendre la lecture de mon bouquin.