Il cherchait du boulot

Il cherchait un boulot. Son propriétaire – le propriétaire de son appartement – l’avait appelé l’autre jour, comme ça, juste pour savoir comment ça allait. Ça n’a rien à voir avec le retard de quelques jours (7) dans le paiement du loyer de ce mois-ci – ne vous tracassez pas pour ça - c’est juste pour savoir comment ça va en ce moment, votre travail et le reste ? Il a donc dû expliquer, ne vous inquiétez pas, ce n’est rien de grave, effectivement, le virement a dû partir hier l’argent arrivera donc sur votre compte, s’il n’est pas encore arrivé, dans quelques heures tout au plus. Oui, un petit retard parce que je n’avais pas reçu mes allocations chômage dans les temps, excusez-moi, dit-il. Ah oui ? s’inquiète l’autre, vous êtes au chômage, comme c’est dommage, ce n’est pas trop dur à vivre ? Non, du moins pour l’instant, ça va, je pense avoir de bonnes chances de rapidement trouver un autre travail, merci de demander. Oh mais c’est tout naturel ! J’ai eu, il y a quelques temps déjà, un locataire qui s’était retrouvé au chômage mais qui, hélas, n’avait pu trouver rapidement un nouvel emploi, de sorte qu’il n’avait plus pu payer son loyer, situation pour le moins fâcheuse car tout le monde sait que pour habiter un appartement, dans le quartier comme dans tous les autres quartiers, dans la ville comme dans toutes les autres villes du monde, il faut payer un loyer au propriétaire, et pour se faire, il faut qu’un patron veuille bien vous accorder un salaire, à moins, bien sûr d’être soi-même propriétaire. Dans ces conditions, j’avais été conduit à l’extrémité désagréable de devoir le renvoyer, moi aussi, si je puis dire. Enfin cela dit je vous fais confiance, vous êtes quelqu’un de travailleur et de volontaire, je ne me fais donc pas de souci, c’est vrai que depuis cette expérience je connais les procédures pour me séparer d’un locataire, ce qui ne veut pas dire que je souhaite m’y atteler encore une fois, vous savez, ce n’est pas drôle. Le locataire souriait en l’écoutant parler, il hochait la tête d’un air rassurant : ne vous inquiétez pas, je trouverai rapidement quelque chose pour vous éviter tous ces tracas. D’ailleurs j’ai déjà rendez-vous avec plusieurs directeurs de ressources humaines, et j’ai un entretien à passer cet après-midi. Ah bien !, dit l’autre, de toute façon vous pouvez compter sur mon soutien, je vous souhaite bien bonne chance et vous appellerai pour savoir comment se sont passés vos entretiens, et… merde ! comme on dit ! L’autre avait toujours l’air de se marrer : il paraît qu’il ne faut pas dire merci, mais je vous remercie quand même de votre gentillesse et de votre compréhension.