Un nouveau champ d’investigation pour Artetvia : la fripe ! J’ai la joie de recevoir aujourd’hui Constance de Jarnieu. Il y a près de deux ans, Constance a créé son entreprise de confection pour enfants. Rencontre avec une créatrice qui est aussi chef d’entreprise.
Bonjour Constance, je vois que tu vas lancer ta collection hors-saison, où trouves-tu ton inspiration pour créer tous ces modèles ?
D’où vient l’inspiration ? Impossible de répondre précisément. Je sais seulement que les idées me viennent de deux manières. D’une part, je regarde un enfant et imagine comment je pourrais l’habiller. D’autre part, je regarde un tissu et imagine quel vêtement je peux créer. Et d’ailleurs, ces deux aspects vont se retrouver dans tous le processus de création : le fait qu’un vêtement se porte (et se vend bien quand il se porte) ainsi que mon attachement à la matière, sa qualité et sa « signification ». Bien entendu, je passe aussi du temps dans les boutiques pour sentir la mode, notamment pour les matières et les couleurs, peut-être un peu moins pour les formes.
Lorsque je vois un tissu, je sais tout de suite si je peux en faire quelque chose, c’est intuitif. Après, le plus difficile, c’est qu’un tissu seul ne fait pas tout, c’est l’assemblage qui va sublimer le tissu. J’avoue que le résultat est souvent plus beau que ce que j’avais imaginé : c’est la magie de l’assemblage et de l’harmonie des couleurs. Deux autres points qui me sont chers : les détails et la finition. Cela ne m’étonne pas d’ailleurs, car dans la couture, on y met du sien et la personnalité du créateur ressort. Et je suis assez perfectionniste. Si je voulais faire une comparaison avec la peinture, je suis plus formaliste que coloriste : au final, la couleur va donner l’éclat au vêtement mais les finitions et le travail soigné vont lui donner sa valeur ajoutée, au sens esthétique… et commercial.
De l’idée à la commercialisation, comment ça se passe ?
D’abord, j’ai l’idée ! Surtout, ne pas se forcer à en avoir. Elle vient… ou pas. Ensuite je la décortique, je la travaille et la retourne dans tous les sens. Ensuite, je couds le vêtement et imagine les finitions. On en est encore au stade de l’idée et je n’ai encore rien dessiné, mais j’ai besoin de faire travailler le cerveau en premier avant de figer quoi que ce soit. A ce stade, j’ai déjà la forme et la matière.
Une fois le modèle « idéel » achevé, je le dessine : de nombreux croquis pour parfaire les formes, pour dessiner les finitions. Cela prend plus ou moins de temps. Après, tout simplement, je dessine le patron, je monte le prototype. Je fais de nombreux essais sur des modèles vivants (et je prends l’avis de leur mère), puis viennent les derniers réglages, et après cela part en usine pour la fabrication. La couleur vient assez tardivement, même si j’ai déjà des idées de combinaisons depuis quasiment le début – il y a quatre coloris différents en moyenne. Bien sûr, j’ai déjà eu des échecs au milieu de ce processus, mais j’arrive à rebondir et à reprendre le modèle pour en faire un beau vêtement.
Tu parlais de « sentir la mode » ? Quel est ton rapport avec la mode ?
Pourquoi seulement des vêtements pour enfants ?
J’ai dessiné et conçu des vêtements pour femmes, je continue à le faire épisodiquement à la demande, mais ce n’est pas ce qui me plaît le plus. Cela peut paraître paradoxal : quand on parle de mode, on imagine les défilés, les mannequins et les grands créateurs. Eh bien, l’aspect « prestigieux » d’habiller les adultes, hommes ou femmes ne m’attire pas. J’essaie d’habiller les enfants comme des enfants sans reproduire les fantasmes des mères (ou des pères) : la mode lolita pour les petits, ce n’est pas mon truc. Pour l’instant, je me concentre sur les 6 mois – 2 ans. Après, nous verrons.
Tu es chef d’entreprise et en même temps tu crées, tu arrives à trouver un équilibre entre la création et la rentabilité ?
Après, comme tout chef d’entreprise, je dois assurer et développer le chiffre d’affaires. Une entreprise de confection nécessite des investissements, du temps pour trouver les bons fournisseurs et les bons moyens de vente. Cela ne s’improvise pas et nécessite beaucoup de temps et d’argent ! Donc bien évidemment, le marketing et la commercialisation sont essentiels. Nous testons de nombreux canaux de distribution, des accroches de ventes… Actuellement, nous passons par deux canaux de commercialisation : la vente directe (dans des ventes privées…), qui fonctionne bien, notamment pour la cible des grand’mères qui veulent des cadeaux de naissance pour leurs petits-enfants, et le site internet, dont l’audience s’accroît au fur et à mesure. Pour l’anecdote, il faut savoir que la majorité des personnes qui commandent sont… des hommes ! Hé oui, comme nous fournissons un service tout compris spécial « cadeau de naissance », cela devient très simple…
Le 100 % français, c’est voulu, assumé, mis en avant ?
C’est voulu et assumé, oui ! Mis en avant, moins. Je ne veux pas justifier le prix assez élevé des produits par l’origine française, mais par la qualité, notamment des finitions. D’ailleurs, les finitions ont autant d’impact sur le client que la confection. Il y a aussi un aspect pratique : l’usine qui fabrique une partie des modèles est en France, à Cholet, et cela me permet facilement d’être sur place pour contrôler chaque étape de la fabrication et garantir une qualité irréprochable.
Des projets ?
Evidemment. Le développement de l’entreprise, cela va sans dire. J’aimerais aussi étendre la gamme : des vêtements, mais aussi des accessoires, toujours pour les 6 mois- 2 ans. Il y a du boulot et c’est enthousiasmant !
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Merci Constance !