Est-ce à cause de la pluie, ou de la programmation moins fournie en artistes français et en têtes d’affiches que l’an dernier ? En tout cas la grande Halle de la Villette sonne un peu creux ce jeudi. Et c’est pourtant un programme alléchant qui nous attend, avec Darkside et the Knife en têtes d’affiche. Les premiers se révèlent, comme attendu, à un très haut niveau, la guitare de Dave Harrington faisant parfaitement écho aux boucles électro de Nicolas Jaar, sur fond de lune à demi-éclairée en hommage à Pink Floyd. Pour the Knife par contre, on reste un peu bouche bée. Seuls des danseurs, sans aucun musicien, sont présents sur scène pour la majorité des morceaux. Au moins eux ne font pas semblant de jouer de la musique sur scène, ils assument complètement de passer leurs albums. On retiendra surtout de cette journée le rock rafraîchissant de Mac deMarco, s’excusant de ne pas jouer de chansons sérieuses « because we are just a bunch of immature assholes », et surtout la pop-dubstep de Mount Kimbie, deux anglais adroits dans à peu près tous les instruments, qui réussissent sans mal à envoûter toute la salle malgré un passage en début de soirée.
Le vendredi est la journée qui offre sur le papier le moins de garanties, depuis le forfait de Deerhunter et d’Ariel Pink. Que nenni! On en est sortis convaincus par tout ce qu’on a vu. Il y a eu d’abord les 4 filles de Warpaint qui ont délicatement égrenné tous leurs tubes, tout en présentant des chansons du prochain album qui s’annonce excellent. Colin Stetson suit, c’est un jazzman adepte du souffle continu qui maintient incroyablement la salle en transe durant une heure, seul avec son saxophone. Les suédois de Junip offriront le show le moins marquant de cette journée, avant l’arrivée attendue de Jagwar Ma. Les trois australiens présentent leur album, Howlin, à écouter d’urgence. Et le live est à la hauteur, puissant, énergique, on pourrait même dire jovial. Le final de cette journée est assurée par Disclosure. Tous les tubes y passent, la foule est unanimement heureuse. Ces mecs là sont aussi excellents en live qu’en album, on devrait les revoir très haut dans les prochaines années.
La dernière journée est à la fois la plus longue et la plus éclectique. On aura l’électro-raï du fantasque Omar Souleyman, le rock des « papys » Yo La Tengo, les expérimentations AnimalCollective-esques de Panda Bear, la soirée électro rondement menée par Todd Terje puis A-Trak, jusqu’au bout de la nuit. Tout cela est bon, et ce festival se montre définitivement plus homogène que l’an dernier. On a en plus le droit ce dernier jour à ce qui restera les deux gros coups de coeur du festival. En début de soirée c’est d’abord le jeune (et presque timide) Youth Lagoon qui présente son dernier album, Wondrous Burghouse. Et autant le dire, c’est absolument extraordinaire. Derrière son clavier et entouré de trois musiciens, il instaure une ambiance à la fois trouble et extrêmement prenante. On alterne entre danse et écoute religieuse, et on finit par regretter que le set ait été si court. L’autre temps fort, en fin de soirée, sera le passage très remarqué de Hot Chip, pour un set hyper dansant, presque frénétique, où les nombreux (8? 10?) membres du groupe se montrent bien plus convaincants qu’en album, en gommant tous ces moments où on les trouve un peu trop guimauveux.
S’il ne fallait retenir qu’une chose de ce festival, c’est encore Hot Chip qui l’offre: un « Flutes » complètement déjanté où la foule est complètement en transe. Puis le calme, les lumières se tamisent, les membres de Yo La Tengo arrivent également sur scène, et c’est alors l’heure de l’hommage à Lou Reed, sous forme de « Pale Blue Eyes ». La foule s’est calmée, quelques briquets sont de sortie, c’est quand même diablement beau.
Note globale du festival : 8/10, à cause de la pluie.
Et je vous laisse avec une petite playlist, forcément subjective, de ces trois jours.