Félix Meynet, s’était fait discret depuis quelques temps, et la sortie du tome 6 des Immortels, en 2010, ne sortant qu’un discret Fanfoue. Le premier album de cette nouvelle série est donc un peu son grand retour sur le devant de la scène. Un retour né de la contrainte et de l’envie. Aussi surprenant que cela puisse paraître, puisque ce paradoxe aboutit à un ouvrage qui permet à un dessinateur de renouveler son style et à un scénariste de ressusciter un style de récit tombé en désuétude.
L’envie vient de Félix Meynet, désireux de changer d’univers, d’aborder le mythe, qui nous lie à peu près tous à l’enfance, qu’est le western, soit l’épopée napoléonienne et ses uniformes chamarrés. La contrainte vient également de Félix Meynet, dont un souci de santé au niveau du dos et de l’épaule l’oblige à modifier sa méthode de travailler, dessiner debout et sur des planches plus grandes.
Yann, son scénariste sur Les Immortels, lui soumet le compromis parfait entre le western, cannibalisé par le talent de Giraud sur Blueberry et l’épopée napoléonienne surexploitée par le neuvième art : l’expédition française au Mexique. Le contexte propice au western y est bien réel, et Napoléon également, même s’il ne s’agit pas de l’illustre nabot d’Ajaccio, mais de son indigne neveu Napoléon III. Ne dites donc pas western napoléonien, mais bien western impérial. Yann y tient, parce que c’est moins susceptible d’amalgame avec l’épopée napoléonienne.
Au dessin, Meynet, dont les aficionados attendaient avec impatience la première série en costume, conserve l’élégance du trait qu’on lui connaît depuis Double M, mieux, le format du support original et la mise en couleur directe rendent les planches lumineuses et indéniablement taillées pour l’héroïsme guerrier. L’album regorge de véritables tableaux qui se laissent admirer durant de longues minutes, où le souci du détail ne s’oppose pas au confort de lecture.
Avec Sauvage, Les Damnés d’Oaxaca, Meynet et Yann proposent le premier tome d’un cycle en trois épisodes qui laisse néanmoins le lecteur sur sa faim, de par la nécessité d’installer les éléments de l’intrigue qui devrait réellement décoller dans le second tome et aboutir dans le dernier (dans la pure tradition de la narration classique en trois actes). Mais ne boudons pas notre plaisir, Sauvage est une réussite incontestable de deux auteurs au sommet de leur art.
Dessin : Félix Meynet, Scénario : Yann
Editions Casterman
48 pages
Prix : 12,95 euros, edition Deluxe : 18,95 euros
Parution 25 septembre 2013
Tanguy Le Contacter la rédaction. Commenter .