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Comme un secret inavoué - Rideau de Bruxelles

Publié le 08 novembre 2013 par Naira
Comme un secret inavoué - Rideau de Bruxelles Du 05/11/13 AU 23/11/13 à l’Atelier 210 (http://www.atelier210.be/)
Texte de : Jean Louvet
Mise en scène : Frédéric Dussenne
Avec : Véronique Dumont, Fabrice Rodriguez
Tarifs : de 8€ à 18€
Durée du spectacle : 50 min
«Dans l’anonymat d’une file d’attente, la main d’un homme s’attarde sur la main d’une femme. Ce geste apparemment anodin les conduit dans une chambre d’hôtel. Qu’est-ce qui se joue entre ces deux-là qui ont déjà une vie derrière eux? Que leur manque-t-il? Rien de ce qu’on pourrait attendre à priori.
Jean Louvet, monté pour la première fois au Rideau, est un des dramaturges importants de Wallonie. Son parcours est marqué par un engagement politique et social fort. Son théâtre, qui puise ses origines dans les grandes grèves insurrectionnelles de 60, interroge la place de l’individu dans la Cité. Comment se tissent les liens dans un monde d’isolement? À qui tendre la main? »
Suite à l’amputation, en mars dernier, d’une partie de la subvention de fonctionnement dont la compagnie était bénéficiaire, L’acteur et l’écrit – Compagnie Frédéric Dussenne ainsi que le Rideau de Bruxelles ont décidé de se recentrer sur l’essentiel : le travail de l’acteur et le public. Le metteur en scène prend ainsi le parti de privilégier la rencontre, entre les artistes et avec le public, autour de questions essentielles, comme la citoyenneté, le rapport à l’autre, la nature des rapports humains, toujours «convaincu du caractère irremplaçable du théâtre comme lieu de rassemblement autour de la parole et des corps ».
Fréderic Dussenne choisit ici de mettre en scène un texte de Jean Louvet. Figure de la littérature wallonne, Jean Louvet s’inscrit, depuis ses débuts en tant que dramaturge dans les années 60, dans le théâtre militant et « prolétarien », et s’intéresse à la place réservée à la personne humaine dans une société qui isole. Cette conception politique du théâtre, qui en fait un outil d’éveil, réduisant notre isolement, intensifiant nos perceptions, et travaillant au « bonheur commun », nous rappelle d’où nous venons, qui nous sommes et surtout où nous pourrions aller!
« Comme un secret inavoué » fait ainsi suite à « Ô Ministres intègres », dont nous avions parlé ici, monté par Frédéric Dussenne en septembre au Théâtre de la Vie. Second volet d’un triptyque en forme de manifeste esthétique, « Comme un secret inavoué » traite de la déshumanisation du monde, et aborde, comme la pièce de Hugo, le besoin de justice, de mouvement, de sursaut. Dans les deux pièces, la scénographie place physiquement le public « au cœur » de l’action, en faisant de fait non plus un simple spectateur mais un acteur, l’invitant, au travers de la pièce, à s’éloigner d’une attitude passive pour épouser l’action, face à la déstructuration du lien social, à la disparition du « bien commun ».
En pénétrant dans l’Atelier 210, le spectateur est ainsi invité à dépasser les gradins. Dans un décor très sobre, simplement encadrés par des bâches transparentes identiques à celles utilisées pour des travaux de maçonnerie, dans une bulle, ou bien un monde en construction (ou en démolition ?), les spectateurs viennent ainsi prendre place sur des parpaings autour des acteurs, qui ont déjà investi les lieux, à l’endroit où se tenait la scène. Seuls trois signes lumineux indiquent le chemin dans ce monde vide : les roses, le désert et la sortie.
Menée par deux artistes brillants de bout en bout, la pièce questionne indéniablement sur l’avenir de notre société : qu’en faisons-nous ? Que souhaitons-nous en faire ? Et où allons-nous ? C’est la question que se posent Edith (Véronique Dumont) et Jacques (Fabrice Rodriguez), pour lesquels la rencontre la plus simple, dans la file d’attente d’un guichet de poste, va devenir un évènement tout aussi inattendu qu’exceptionnel. Deux mains qui se frôlent, un simple geste de solidarité, qui va avoir des conséquences imprévisibles.
« On nous aveugle de futilités, et on nous éloigne des choses importantes de la vie », déclare Jacques. Avec Edith, ils vont tenter de repenser les rapports humains, et essayer de reconstruire une humanité. Et ça donne de l’espoir… Rien que pour ça, ça vaut déjà le coup d’y aller !
Pour plus d’informations : http://www.atelier210.be/
Marion
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