AUTOMOBILE. Mercedes E 300 Blue Tec Hybrid: Une super routière diesel électrique

Publié le 09 novembre 2013 par Menye Alain

Confortable, spacieuse, élégante, remarquablement fabriquée, la grande berline de la marque à l’étoile est proposée en version hybride diesel. Certes, les performances ne sont pas époustouflantes, mais les consommations restent très basses. Une proposition technologique intéressante mais… hyper-chère!

La Classe E, c’est l’essence même de Mercedes. Cette grande berline cossue, statutaire, de style traditionnel, est produite au coeur même du groupe à Stuttgart. Vendue à plus de treize millions d’exemplaires au cumul à ce jour… depuis la 170 V de 1946, précise la marque à l’étoile qui n’a pas osé comptabiliser… les véhicules d’avant-guerre (un peu sulfureux !). La plus populaire a été la serie "W 123", dont 2,4 millions d’unités ont été écoulées entre 1976 et 1985, un modèle hyper-robuste surtout dans ses inusables versions diesel (240D par exemple). Des milliers d’exemplaires circulent encore au Maghreb ou au Proche-Orient.

Lancée en 2009, la dernière Classe E se refait une beauté. Avec un visage largement restylé, des flancs retravaillés, elle reçoit des nouveaux moteurs, plus efficaces et sobres. La E 300 Blue Tec Hybrid émet même 109 grammes de C02 au kilomètre à peine, comme une citadine ! C’est elle que nous essayons ici.

Motorisation peu démonstrative mais sobre

Comme PSA ou Volvo, Mercedes est l’un des rares constructeurs à proposer des modèles hybrides diesel. En fait il s’agit du 4 cylindres à gazole 2,2 de 204 chevaux agrémenté d’un petit moteur électrique de 27 chevaux. On démarre en mode « zéro émission ». Mais, vite,  le diesel prend le relai avec un petit soubresaut propre aux moteurs à gazole. Ce n’est pas très agréable dans les manœuvres, car il est difficile de doser l’accélération à toute petite vitesse…

La mécanique n’est pas très démonstrative. Et elle émet malheureusement une sonorité un peu « tracteur agricole » dans les accélérations, typique des quatre cylindres à gazole de la firme. On regrette donc à ce tarif le velouté et la sonorité d’un six cylindres. Les performances sont tout-à-fait intéressantes, mais pas extraordinaires vu le poids.

Avec une boîte automatique extrêmement douce et assez réactive (en position « S ») – mais qui se retrouve trop vite en cinquième alors qu’on aimerait être en troisième -, cette voiture vous donne envie d’abattre des centaines de kilomètres sans broncher. Même si on ne s’habitue pas au petit levier au volant, moins facile de préhension qu’un levier au plancher. Ce n’est pas du tout une sportive, mais bel et bien ce qu’on nomme une grande routière.

Si les accélérations ne vous plaquent pas au siège, les consommations sont étonnamment basses pour la catégorie (un peu plus de 6 litres aux cent kilomètres durant notre essai). Le gros réservoir permet une large autonomie. Contrat rempli au niveau énergétique.

Grande voiture bien finie

Le reste de la voiture ne change pas. Les lignes massives et harmonieuses affichent toujours un certain classicisme des volumes, mais l’avant délaisse la calandre traditionnelle surplombée par l’étoile au profit d’une proue agressive… moins classe selon nous. Il faut satisfaire les goûts des nouveaux riches qui aiment l’ostentation. Personnellement, nous préférons l’élégance feutrée au bling-bling…

A l’intérieur, la qualité de fabrication demeure remarquable. C’est net et solide. Cette Mercedes se révèle à la hauteur de sa réputation. Aucun bruit parasite ne perturbe la sérénité à bord. Exceptionnel. Quelle maîtrise ! L’habitabilité apparaît, elle, généreuse, mais pas extraordinaire compte tenu du gabarit. Notons que les batteries ne grèvent pas la capacité du coffre, toujours intéressante.

Nous sommes plus critiques sur les sièges à réglages multiples certes, mais qui ne conviendront pas à tous les gabarits. Les assises et dossiers sont fermes et trop plats. L’assise se révèle aussi trop longue. Ceux qui mesurent 1,75 mètre ou moins ne seront pas à leur aise. Et que dire à ce prix du réglage longitudinal manuel brutal et peu précis! Comme sur une Dacia.

Notre modèle gris à intérieur noir était d’une froideur toute germanique. Mais on peut choisir des harmonies plus claires (à conseiller). Longtemps connu pour ses planches de bord assez austères, voire spartiates, Mercedes s’est mis au tout gadget. De la haute technologie à gogo. C’est complexe d’usage et peu intuitif. Il y en a partout. Si on apprécie la qualité du système audio, on rechigne devant les bips-bips, tellement à la mode à cause du fameux principe de précaution.

Gadgets agaçants au quotidien

En plongeant dans un menu déroulant, cliquant à la cinquième icône, recliquant dans un sous-menu et encore dans un sous-sous-menu (!), on a réussi à couper l’insupportable détecteur d’obstacle. Ouf. Mais, chaque fois qu’on remet le moteur en marche, vos choix sont annulés d’office et tout est réactivé d’office. Archi-exaspérant ! Autant dire que, sur une voie rapide très fréquentée, ça clignote en continu. Et, dans les embouteillages, ça couine! On regrette une simple Peugeot 308 qui, elle, a le bon goût d’enregistrer vos choix et de les respecter !

Puisqu’on est dans les désagréments, on n’aime pas non plus le système de ceinture de sécurité qui, dès qu’on la boucle, s’ajuste brutalement sur votre thorax en vous étranglant à moitié ! Par ailleurs, on ne peut passer des feux de croisement en feux de route si la molette d’allumage est en position automatique, ce qui est ridicule. Le détecteur de pluie qui enclenche les essuie-glaces est aussi trop paresseux. Des mini-agacements. Et,  si les radars de stationnement, stridents, peuvent être coupés, il n’y a pas de caméra de recul. Mesquin compte tenu des prix pratiqués.

Excellente filtration qui isole de la route

Cette grande bourgeoise affiche des prestations routières de bon aloi. Elle se place rigoureusement dans les virages avec une grande docilité, tout en étant imperturbable au vent dans les lignes droites. Il faudra toutefois se souvenir que la Mercedes demeure une propulsion. Si les roues arrière motrices ont l’avantage de faire passer la puissance sans problèmes et de générer une formidable efficacité sur le sec, elles requièrent une solide méfiance sur route détrempée et grasse.

Certes, les aides électroniques sont là pour juguler la moindre amorce de dérobade, mais la tenue de route n’est pas aussi tranquillisante sous la pluie qu’avec une traction avant, par exemple. Sur des pavés mouillés, on a même fait patiner le train arrière en accélération. Quant à la conduite sur neige, elle peut vite se révéler erratique.

Mais on ne conduit pas une Mercedes comme une GTi. Ce n’est pas une voiture dynamique avec laquelle on s’amuse. La Classe E est très différente d’une BMW. Cette Mercedes s’apprécie pour la formidable quiétude qu’elle distille, donnant l’impression d’être totalement isolé de la route et de l’environnement extérieur. La Mercedes est réellement une voiture à part. Et, en dépit des critiques énoncées, elle séduit. On s’habitue petit à petit à ce confort feutré remarquable. Mais, à basse vitesse sur les petits inégalités, on regrette les grandes jantes de 17 pouces avec des pneus à flancs bas (45R17) qui génèrent des trépidations.

Tarif très, très élevé

40.600, c’est le premier prix d’une Classe E. Mais notre E 300 Blue Tec Hybrid Executive d’essai est à… 59.450 euros! Même si on déduit les 3.300 euros de super-bonus pseudo-écologique, c’est incroyablement cher.  Certes, on a  au catalogue une version d’entrée de gamme un peu plus abordable à 52.600 (!) Mais, à ce tarif, l’indigence des équipements et un  tissu de sièges bas de gamme sont inacceptables. Reste donc l’Executive quasi-obligatoirement.

La Mercedes E dotée du même diesel (mais sans motorisation électrique), la 250 diesel Executive, coûte 53.950 euros. Vu le super-bonus de l’hybride, il n’y a qu’un peu plus de 2.000 euros de différence. Finalement,  si on veut une Mercedes E à gazole de plus de 200 chevaux, l’hybride vaut le coup, tout ceci étant relatif. Il s’agit d’une très belle auto haut de gamme formidablement construite, pas passionnante à mener, mais hyper-sobre et éminemment confortable dans tous les sens du terme.  Mais il faut de très gros moyens.

Modèle d’essai : Mercedes E300 Blue Tec Hybrid Avantgarde Executive : 59.450 euros (-3.300 euros de bonus)

Puissance du moteur : 204 chevaux (diesel) + 27 (électrique)

Dimensions : 4,87 mètres (long) x 1,85 (large) x 1,46 (haut)

Qualités : Lignes harmonieuses, qualité exceptionnelle, ambiance haut de gamme, sentiment de sérénité, isolement vis-à-vis de la route et de l’extérieur, moteur très sobre

Défauts : Sièges fermes et plats, bips-bips exaspérants, moteur sonore, comportement sur le mouillé réclamant de l’attention, trépidations à basse vitesse, prix élevé 

Concurrentes : Audi A6 V6 TDi 245 Clean diesel Ambition Luxe quattro : 59.700 euros ; BMW 5.30dA Luxe:  62.250 euros

Note : 14,5 sur 20

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