William Sydney Graham | Imagine a forest

Publié le 09 novembre 2013 par Angèle Paoli
« Poésie d’un jour

IMAGINE A FOREST

Imagine a forest
A real forest.

You are walking in it and it sighs
Round you where you go in a deep
Ballad on the border of a time
You have seemed to walk in before.
It is nightfall and you go through
Trying to find between the twittering
Shades the early starlight edge
Of the open moor land you know.
I have set you here and it is not a dream
I put you through. Go on between
The elephant bark of those beeches
Into that lightening, almost glade.

And he has taken
My word and gone

Through his own Ettrick darkening
Upon himself and he's come across
A glinted knight lying dying
On needles under a high tree.
Ease his visor open gently
To reveal whatever white, encased
Face will ask out at you who
It is you are or if you will
Finish him off. His eyes are open.
Imagine he does not speak. Only
His beard moving against the metal
Signs that he would like to speak.

Imagine a room
Where you are home

Taking your boots off from the wood
In that deep ballad very not
A dream and the fire noisily
Kindling up and breaking its sticks.
Do not imagine I put you there
For nothing. I put you through it
There in that holt of words between
The bearded liveoaks and the beeches
For you to meet a man alone
Slipping out of whatever cause
He thought he lay there dying for.

Hang up the ballad
Behind the door.

You are come home but you are about
To not fight hard enough and die
In a no less desolate dark wood
Where a stranger shall never enter.

Imagine a forest
A real forest.

W. S. Graham, “Imagine a forest” in Implements in Their Places, Faber & Faber, London, 1977, in W. S. Graham, The Dark Dialogues/Les Dialogues obscurs, Selected Poems/Poèmes choisis, Black Herald Press, 2013, pp. 84-86.


IMAGINE UNE FORÊT

Imagine une forêt
Une vraie forêt

Tu y marches et elle soupire
Autour de toi là où tu vas dans une profonde
Ballade à la frontière d’un temps
Où il te semble avoir déjà marché.
C’est la tombée de la nuit et tu avances
T’efforçant de trouver entre les ombres
Pépiantes l’orée précoce, étoilée,
De la lande nue que tu connais.
Je t’ai mis là et ce n’est pas un rêve
Que je t’inflige. Poursuis ton chemin entre
L’écorce éléphantine de ces hêtres
Jusqu’à cette trouée, presque clairière.

Et il m’a pris au
Mot et s’en est allé

À travers son Ettrick s’enténébrant
Sur lui-même, puis a croisé
Un chevalier étincelé, mourant, étendu
Sur des aiguilles au-dessous d’un grand arbre.
Soulève doucement sa visière
Et découvre quelque blanc visage sous
Le heaume qui te demandera qui
Tu peux bien être ou si tu veux
L’achever. Ses yeux sont ouverts.
Imagine qu’il ne dit rien. Seule
Sa barbe flottant contre le métal
Te signifie qu’il aimerait parler.

Imagine une pièce
Où tu es chez toi

À ôter tes bottes en revenant du bois
Dans cette profonde ballade aucunement
Un rêve et le feu qui avec bruit
S’embrase et fend ses brindilles.
Ne va pas t’imaginer que je t’ai mis là
Sans raison. Je t’inflige ceci
Là-bas dans ce taillis de mots entre
Les hêtres et les chênes glauques, barbus,
Afin que tu y croises un homme seul
Se détachant de la cause, quelle qu’elle fût,
Pour laquelle il se pensait mourir là.

Pends la ballade
Derrière la porte.

Tu es rentré chez toi mais tu t’apprêtes
À ne pas te battre avec assez d’ardeur et à mourir
Dans un bois sombre et tout aussi désolé
Où nul inconnu ne pénètrera jamais.

Imagine une forêt
Une vraie forêt.

W. S. Graham, « Imagine une forêt », Ustensiles à leur Place (extraits) in Les Dialogues obscurs/The Dark Dialogues, Poèmes choisis/Selected poems, Black Herald Press, 2013, pp. 85-87. Traduit de l’anglais par Anne-Sylvie Homassel et Blandine Longre.





W. S. GRAHAM
■ Voir aussi ▼

→ (sur le site Black Herald Press) la page de l’éditeur sur The Dark Dialogues/Les Dialogues obscurs



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