Le premier ministre du Kabila, Matata Ponyo, en tournée européenne, a eu un entretien avec France 24 depuis Berlin où il séjournait. Parmi les sujets abordés au cours de cet entretien, il lui a été demandé de donner ses appréciations sur la décision de la haute cour militaire de ne pas laisser comparaître l'ancien chef de la police, John Numbi comme prévenu . Très mal à l'aise et voulant à tout prix défendre l'indéfendable, Matata Ponyo a déclaré:
"...Moi-même,ici, je dois vous dire que, lorsque notre compatriote a été tué, je n'étais pas au courant de sa publicité; je ne le connaissais pas. J'imagine certainement que le président Kabila ne le connaissait pas. Pour pouvoir, en tout cas, initier un complot ou une action de tuerie, il faut d'abord connaître la personne."
C'est le pire des mensonges que l'on puisse entendre de la bouche d'un homme politique congolais. D'abord, une ONG comme la voix des sans voix (VSV), créée en 1983 par Floribert Chebeya pour dénoncer les violations des droits de l'homme sous le régime de Mobutu, est d'une renommée qui dépasse les frontières nationales. Pour un homme politique de son rang, déclarer ne pas connaître Floribert Chebeya en RDC comme grand défenseur des droits de l'homme, c'est comme un fan de football français qui ne connaîtrait pas Zinedin Zidane! Est-ce que Matata Ponyo peut soutenir que pendant toute la période qu'il avait passée à l'université de Kinshasa comme étudiant, il ignorait l'existence de la voix des sans voix et de son fondateur Floribert Chebeya?
Nous constatons, par ailleurs. que l'argumentation de Matata Ponyo présente d'autres faiblesses. Ce n'est pas parce que lui "ne connaît pas" Floribert Chebeya que, ipso facto, son président ne le connaîtrait pas! Kabila n'est pas censé ne connaître que tous ceux que Matata Ponyo connaît! Si, lui, Matata Ponyo feint ne pas connaître Floribert Chebeya, Kabila avec tous ses services des renseignements qui ont des bureaux et des lieux secrets de détention partout à Kinshasa ne pouvait l'ignorer.
Le défenseur des droits de l'homme, Floribert Chebeya, a été tué dans les installations de la police nationale congolaise. Ce n'est pas par plaisir de tuer que les policiers de Kabila l'ont fait, ni pour lui voler les millions qu'il aurait trimbalés dans ces installations. Les tueurs ont exécuté un ordre qui provient de quelque part. Ceux qui connaissent les réalités du Congo en savent quelque chose. Et les déclarations du major Mwilambwe en rapport avec cet assassinat sont très crédibles . A entendre Matata Ponyo, on comprend comment le régime Kabila qui a décidé de diriger le pays par défi opère avec beaucoup d'amateurisme. Certainement, ils ont voulu faire disparaître le défenseur des droits de l'homme parce qu'ils pensaient qu'il était inconnu des Congolais et de la communauté internationale! Matata Ponyo devra savoir que l'heure de vérité va bientôt sonner et qu'ils auront à rendre compte.
Lumbamba Kanyiki