Que devons-nous retenir du XIV ème sommet de la francophonie ?

Publié le 16 octobre 2012 par Lumbamba Kanyiki @grandkasai

Les lampions du XIV ème sommet de la francophonie tenu à Kinshasa se sont éteints hier. L'heure est maintenant au bilan. Alors que devons-nous retenir de ce sommet? Plusieurs points, à notre avis:

1. Les valeurs démocratiques et la bonne gouvernance imposées comme thème principale

D'abord l'imposition du thème du respect des valeurs démocratiques et de la bonne gouvernance, du respect des droits de l'homme comme étant les valeurs que doit véhiculer la langue française que différents pays participants ont en partage. Si ce choix s'est imposé au sommet qui vient de se terminer, ce n'est pas par pur hasard. L'honneur en revient d'abord aux combattants de la diaspora congolaise partout où elle se trouve, de l'Europe, Etats-Unis, Canada, Afrique du Sud, etc. Depuis la parodie des élections de novembre 2011, ils battent le pavé pour réclamer la vérité des urnes et crier au hold up électoral de Kabila Kanambe. Dernièrement, ils ont manifesté et organisé des sittin pour exiger la délocalisation de ce sommet dans un autre pays pour ne pas légitimer le pouvoir de Kabila, usurpateur de la victoire d'Etienne Tshisekedi. Des mémos et tracts ont été distribués dans plusieurs chancelleries dans lesquels ils expliquaient la situation de leur pays marquée par la mauvaise gouvernance, les règles démocratiques foulées au pied, des violations répétées des droits de l'homme, des assassinats des opposants et militants des droits de l'homme, des arrestations arbitraires, des viols des femmes, l'entretien des guerres à répétition et du climat d'insécurité. etc. L'opposition interne qui était longtemps divisée commence à parler du même langage grâce aux conseils et à l'insistance de la diaspora. Tout cela a fini par payer.

On se souviendra de la déclaration tapageuse de François Hollande, à trois jours du sommet, dans laquelle il jugeait d'inacceptable la situation politique de la RDC. Il a réitéré les mêmes propos à Kinshasa où il a été très applaudi. L'on se souviendra que lors de la rencontre bilatéral entre François Hollande et Kabila, ce dernier s'en est sorti avec un sourire gêné, suite aux propos de Hollande sur les valeurs démocratiques et la bonne gouvernance. Madame Pauline Varois, la première ministre du Québec a refusé de rencontrer monsieur Kabila en tête-à-tête.Elle a plutôt déclaré qu'elle était venue à Kinshasa pour faire honneur au peuple congolais et non pour rencontrer Kabila.

Monsieur Kabila et sa majorité présidentielle qui croyaient légitimer leur pouvoir par la tenue de ce sommet ont été systématiquement humiliés par les différents intervenants qui ont exigé une bonne gouvernance et le respect des valeurs démocratiques pour un meilleur développement de la RDC. L'attitude de François Hollande, très distant et froid envers Kabila a été remarquée.

2. L'opposition réconfortée par le sommet de la francophonie

Nous dirons que c'est plutôt l'opposition qui a marqué des points. Car, elle a été reçue par le président Hollande et par beaucoup d'invités de marque. Ils ont profité du sommet pour faire entendre leurs voix à travers le monde. Ils ont parlé du manque d'un leadership responsable en RDC. Ils ont dénoncé les dérives dictatoriales de Kabila et la majorité présidentielle. Ils ont décrié la marginalisation du peuple congolais et le climat d'insécurité entretenu depuis des années par Kabila. Enfin, Le président Tshisekedi a été reçu individuellement par le président français, ce qui n'a pas fait plaisir aux kabilistes.

3. Tous les projecteurs de la presse internationale sur les réalités congolaises

L'autre point positif à retenir de ce dernier sommet de la francophonie est qu'il a permis à la presse internationale de braquer leurs projecteurs et caméras sur les réalités congolaises. Ils ont palpé du doigt la misère de la population congolaise, une population qui n'arrive pas à manger à sa faim. Ils ont pu constater quel traitement les forces de sécurité de Kabila réservent aux manifestants et opposants. Les manifestations ont été dispersées dans la violence. Monsieur Vital Kamehre, président de l'UNC, ancien chairman de l'Assemblée Nationale, a été empêché d'entrer au studio de TV5 par la garde présidentielle de Kabila. Les couches de peintures mises à la hâte sur les maisons et l'aménagement des quelques tronçons ne pouvaient pas cacher le quotidien des Kinois clochardisés par un régime sanguinaire et impitoyable. Ils ont eu le courage de s'exprimer devant les caméras pour expliquer leurs souffrances. Ils ont bravé les forces de sécurité en manifestant, brandissant même des calicots sur lesquels on pouvait lire "Francophonie à Kinshasa, oui; Kabila président, NON". Tout était dit.

4. Leçons à retenir

Si pour Abdou Diouf, le sommet de la francophonie a été un succès puisque les différents thèmes proposés ont été traités, pour les Congolais et autres opposants au régime de Kinshasa, ce sommet a été une réussite totale puisqu'il a permis au monde de découvrir Kabila, comme un président inutile, un usurpateur, incapable de diriger un pays comme le Congo.

Il appartient donc à la communauté internationale qui nous l'a imposé d'en prendre acte et de prendre toutes les mesures qui s'imposent pour le démettre de ses fonctions. Le peuple congolais est un peuple mûr. Il n'a pas besoin de se faire exploser comme les autres pour se faire entendre. Les règles démocratiques sont les mêmes pour les blancs, les jaunes et les rouges. La volonté de notre peuple doit être respecté. Kabila ne mérite pas d'être à la tête d'un pays comme le Congo.

Lumbamba Kanyiki