La mer.
Le monde.
J’aurais tellement aimé parcourir les océans à la découverte de notre planète. Comme Jean Lemire.
Flotter sur cette immensité liquide. Parfois calme comme miroir. Parfois déchaînée et mortelle. Faire le funambule en équilibre sur l’équateur, toutes voiles dehors, la barbe hirsute, le corps presque nu.
Hélas!
Maringouin.
Je ne suis que maringouin. La moindre vague me fait pencher de son côté opposé. Elle me fait rouler ce que je viens d’ingurgiter dans l’estomac, presque à le voir passer en sens inverse par ma bouche pour aller surir l’océan. Je stresse rien qu’à prendre le traversier entre ma ville d’origine, Matane et ma ville d’adoption, Baie-Comeau. Je dois chercher au fond de quelques bières un peu de courage afin d’affronter le roulis.
Je compense cette tare intérieure enfin avouée par la photo des voiliers vus de terre, par des macros des poulies, bouées, par les gros plans de cordages épissés.
Depuis la fin de la construction de la nouvelle marina, une clôture m’empêche d’approcher les bateaux. Un banal grillage qui grille mes rêves de voyages, m’empêchant d’approcher ces engins à voiles.
C’est comme le quai de ma ville, pratiquement inaccessible en tout temps. Pourtant, combien de villes sur cette terre feraient profiter à ces habitants pareil accès à la mer?
Alors pour moi, point de voyages en voilier, point de photos des bateaux de près, seulement qu’un point d’interrogation.