Esprit d'hiver

Publié le 12 novembre 2013 par Manu17
Laura Kasischke
Christian Bourgois Éditeur
ISBN 978 2 267 02522 4
276 pages
2013
(Reçu dans le cadre des matchs de la rentrée littéraire 2013 Priceminister )

Mes impressions: 
La fameuse angoisse des fêtes de fin d’années, je la connais, chaque année je la vis. Pas celle causée par le souci des cadeaux de dernières minutes qu’il reste à trouver, je vous parle de la véritable angoisse, celle qui s’amplifie plus les jours approchent, plus le soir du premier réveillon se précise. Celle qui vous prend aux tripes, qui vous tenaille l’estomac, qui vous oblige à vous allonger, à vous forcer à respirer calmement avant d’entrer dans l’arène et de sourire en faisant comme si tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. 
"Prendre connaissance des horreurs de ce monde et ne plus y penser ensuite,
ce n’est pas du refoulement. C’est une libération."
C’est également avec un indéfinissable sentiment d’angoisse qu’Holly se réveille en ce matin de Noël. Ayant un peu abusé du bon vin, elle se réveille en retard, son mari déjà parti chercher ses parents à l’aéroport. Plus que quelques heures avant que tous les invités ne débarquent et rien n’est prêt. Sa fille Tatiana aurait pu la réveiller mais semble de pas l’avoir fait comme pour mieux pouvoir la mettre dans l’embarras et le lui reprocher ensuite. Tatiana ne semble d’ailleurs pas dans son état normal mais impossible d’en connaitre la ou les véritables raisons. Une tension aussi soudaine qu’inexpliquée semble s’être insidieusement glissée entre les deux femmes.Ajoutez à cela, une tempête de neige phénoménale qui bloque tous les accès de la ville et des invités qui, du coup, ne viendront pas, rien dans cette journée ne semble vouloir se dérouler comme prévu.
Tout au long des pages de son roman, Laura Kasischke distille au compte-gouttes une ambiance inquiétante à souhait, une atmosphère pesante, cotonneuse. L’aspect huit-clos de cette confrontation entre une mère et sa fille adoptive est accentué par la neige qui les entoure. Elles semblent coupées du monde, sans vue sur l’extérieur. L’image de la baie vitrée opacifiée par la chute perpétuelle des flocons de neige contribue à cette sensation d’isolement, d’étouffement. Aucune intervention extérieure ne semble possible. 
"Quelque chose les avait suivis depuis la Russie jusque chez eux." 
L’utilisation répétée de phrases ou mots en italiques, pour appuyer le côté inquiétant, et les incessants flashbacks permettent d’ajouter à la confusion et au questionnement du lecteur. Qu’est-ce qui a bien pu les suivre ? Un démon ? Un esprit ? Esprit d’hiver. Esprits divers... Holly, Holy Bible… Que de drôles de questions qui me viennent à l’esprit pendant ma lecture, que d’associations d’idées fumeuses!... Et cette enfant ramenée treize ans plus tôt d’un orphelinat de Sibérie aussi glacial qu’effrayant, qu’est-ce qui ne va pas chez Tatiana ?
Je me retrouve le 31 décembre 2009, je me suis réfugié dans une salle de cinéma après avoir esquivé toutes les invitations possibles et imaginables, l’angoisse des fêtes, vous vous souvenez… Esther, Orphan, en Version Original, l’histoire d’une enfant sortie de son orphelinat par une famille américaine qui va chèrement payer ce geste désintéressé. Et perpétuellement, l’accroche du film, sur l’affiche, qui me revient en tête tout au long de ma lecture : 
"Quelque chose ne va pas chez Esther… " 
Il est 5h30, dans la nuit noire, le vent souffle fort, la pluie cingle sur les volets, je ne dors plus, je dois savoir, il le faut. Il me reste moins de cent pages, je ne refermerai cet Esprit d’hiver qu’une fois ma lecture achevée.
 
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 L'affiche du film de Jaume Collet-Serra, Esther...
❄❄❄Ma note: 17/20
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Un grand merci à Oliver de Priceminister, à Priceminister et aux Éditions Christian Bourgois pour cette inquiétante découverte...