Ce que racontent les maisons

Publié le 17 novembre 2013 par Jlk

Notes en chemin (77)

Fierté basque. - On ne fait pas assez attention, en passant, à ce que disent les maisons des pays. J'y pense ce matin dans la belle demeure de la Dona Hermana Grande de La Fuente et de son hidalgo Don Ramon, aux Asturies, qu'on pourrait dire l'Oeuvre d'un couple et la réalisation d'un rêve. En traversant le pays basque, déjà, cette observation m'est venue à l'esprit: que nous ne voyons pas assez les maisons.

Or les maisons du pays basque, le rouge ardent et le blanc pur des maisons basques, les colombages et les toits des maisons basques affirment une sorte d'assurance grave et de fierté qu'on retrouve des fermes aux demeures patriciennes. Venant de Suisse, où les maisons montrent des visages si contrastés selon les cantons , et après avoir traversé la France, où la pierre et le bois, les toits et les fenêtres, la gamme des gris et des blancs, du Morvan en Anjou, se distribuent de tout autre façon encore d'est en ouest et du nord au sud, ce qu'il y a de nordique et d'un peu farouche, dans ces hautes terres du sud-ouest à pierriers et palmiers, m'a paru se traduire par cette espèce d'orgueil assumé des maisons basques.   

La Casona de Andrin. - Aux Asturies, c'est encore une autre histoire que racontent les maisons, des granges aux palais, ou plus exactement: des tas d'histoires où les migrations d'un peuple pauvre relèvent de l'épopée personnelle et collective, des allers aux Amériques aux retours plus ou moins fortunés. Dans le silence d'avant l'aube, ce matin à La Casona, l'envie d'entendre ces histoires m'est soudain venue: autant celle de La Casona, qui fut antérieurement la maison de la tribu Noriega, transformée ensuite et pourvue de tous les conforts imaginables, dans le meilleur goût, que les histoires des maisons serrées dans ce repli des contreforts des Pics d'Europe, entre pacages et falaises, sentiers côtiers et déferlantes océanes.

Les mots de la maison. - La culture terrienne, l'architecture sans architecte et les arts populaires ont encore beaucoup de choses à nous raconter, autant que les maisons et ce que déclinent les moindres objets de leur agencement : voilà ce que je me disais en apprenant par coeur, ce matin, une nouvelle phrase de tout débutant, en langue espagnole, prié de manipuler le levier de la chasse d'eau avec ménagement:Por favor apretar suavemente la palanca...  

À vrai dire je me sens tout humble devant ce suavemente, tout impressionné, bien inculte en ces matières qui sont, pourtant, le matériau même de la culture et de la civilisation, plus que tant de clabaudages d'idées et de distinguos abstraits. Ainsi donc vais-je m'efforcer, désormais, de prêter plus d'attention à ce que racontent les maisons...