J’entame la lecture de cette BD avec un préjugé défavorable, sachant les prêchi-prêcha démagogiques
Cette correspondance entre le travail et la sexualité est d’ailleurs décisive : c’est pourquoi les idéologues libéraux, de droite ou de gauche (S. Agacinski), tentent de la faire oublier à l'aide d'une casuistique spécieuse (afin de préserver du travail une image idéalisée). C’est toute la différence entre le féminisme libéral des magazines féminins branchés, prompts à donner des leçons de morale, en même temps qu’ils engrangent les dividendes de la publication de photos de gonzesses à peine pubères dans des postures suggestives - et le féminisme de Fourier.
Verbaliser les clients des prostituées ? Pourquoi ne pas pénaliser d’abord les maisons de « haute couture » sadique, qui traitent des jeunes femmes mineures comme du bétail ? - Elles sont d’accord ? - Leurs parents ont signé une décharge ? Ah bon, effectivement si le masochisme fait partie des aspirations légitimes d'un individu, dans ce cas il n’y a plus rien à dire ni à faire contre l’esclavage.
La BD de Bégaudeau a bien un rapport indirect avec la prostitution, puisque il aborde le sujet de la frustration sexuelle de l’homme moderne, particulièrement quand il vote ou milite à gauche et que ses principes le privent de rapports sexuels tarifés, ou de s'adonner au tourisme sexuel, à l'instar de Michel Houellebecq.
Le titre de l’album, en effet, est ambigu ; par « mâle occidental contemporain », Bégaudeau entend, en fait, le type du « trentenaire de gauche », parisien ou vivant dans une grande métropole, loin d’être majoritaire en France, y compris dans le milieu de la BD. (...)