Attention, cet article paru dans la magazine Parents peut fortement heurter l’intelligence des femmes.
J’ai failli recracher mon café sur le cahier de l’Intello-à-lunettes, à qui je faisais faire une dictée, en lisant le compte-rendu d’un débat… Apparemment, le magazine organise régulièrement ce type de rencontre et celle-ci a eu lieu à Paris en présence d’une psychanalyste, Myriam Szejer, de la présidente du Collège des sage-femmes, Sophie Guillaume, et de mamans venues raconter leur expérience. Si certaines d’entre vous ont participé j’aimerais bien connaitre votre sentiment à propos de ce compte-rendu…
Parce qu’attention, c’est du lourd. Je cite la première remarque qui m’a fait bondir :
“On délivre un label “maternités amies de bébés” aux maternités qui sont très pro-allaitement, laissant entendre de ce fait que les maternités (donc les mères) pas portées sur l’allaitement seraient “ennemies” des bébés…”
Réflexion tout droit sortie du livre d’Elisabeth Badinter, Le Conflit, je me souviens qu’elle y fait exactement la même remarque. Mais si, tu sais bien, Elisabeth Badinter, la féministe restée bloquée dans les années 70... Tu veux connaitre l’avis d’Elisabeth Badinter sur l’allaitement ? T’es sure ? (parce que bon ça mériterait presque un procès) : “C’est une réduction de la femme au statut d’une espèce animale, comme si nous étions toutes des femelles chimpanzés.” (Si le cœur t’en dit et que t’as l’estomac assez solide, tu peux aller lire l’intégralité de cet article de 2010 …)
Et puis ce serait quoi une maternité pas “portée” sur l’allaitement ? Non mais allo quoi, c’est comme si on disait t’es une maternité et t’es pas portée sur l’accouchement ! [De Bandinter à Nabilla, je sais, j’ai des références!]
Pour rappel, parce que j’ai accouché dans 2 maternités labélisées, le label “Ami des bébés” c’est “Un encouragement et un soutien à l'allaitement,mais pas seulement ! Organiser des soins autour des rythmes biologiques du nouveau-né et de la mère. Répondre aux besoins physiologiques, psychologiques et culturels de l’enfant et de sa famille tout en assurant la sécurité médicale. Apporter un soutien aux parents pour leur permettre d’acquérir progressivement une autonomie...” C’est vrai que ça mérite d’être dénoncé par un magazine de parents !
Ce que Catherine Marchi, psychologue clinicienne, psychothérapeute d'enfants, auteure de plusieurs ouvrages sur les enfants et les bébés ET de cet article, relate ensuite, c’est qu’en gros les femmes sont de grosses bécasses qui se laissent influencer par leur entourage (familial ou médical) et choisissent d’allaiter parce qu’on leur dit que si on n’allaite pas “c’est qu’on fait du mal à son enfant”.
Donc, pour convaincre les bécasses que nous sommes, on exagère grandement les bienfaits de l’allaitement. Et l’exemple, probant s’il en est, qui est avancé dans l’article c’est (attention)(respire un grand coup et lis d’une traite ça passera mieux):
“Est-ce que vous pourriez reconnaitre dans une cour de récré les enfants allaités au sein et ceux allaités aux biberons?”
Non ? Ben t’as vu comment c’est trop nul alors l’allaitement !
Ensuite, on t’explique que c’est galère de se lancer dans l’allaitement alors que tu vas devoir retourner travailler bientôt. Plutôt que de chercher des solutions pour faciliter la condition des femmes au travail, évitons d’allaiter et continuons à faire les bons petits soldats.
Et après, pof ! On t’explique que le séjour en maternité n’est pas assez long et ne permet pas aux jeunes mamans de se sentir à l’aise avec l’allaitement. Comment se fait-il alors que dans la plupart des pays où le séjour en maternité est court, le taux d’allaitement est élevé ? [Pour avoir raté un premier allaitement à cause de tous les mauvais conseils dispensés par une maternité qui se disait pro-allaitement, je pense que la durée du séjour en maternité n’a rien à voir là dedans !]
Ah oui j’ai failli oublier de te dire ! Le titre du débat à lui seul vaut le détour : “Allaitement – Les mamans ont-elles vraiment le choix ?”
Pour un article sensé te déculpabiliser si tu n’allaites pas, il alimente pas mal la polémique… Si on choisit de ne pas allaiter, pourquoi aurait-on besoin de dénigrer l’allaitement ? Ou de se trouver des excuses ? Il suffit de le laisser à celles à qui cela convient. Et réciproquement.
Sur ce je vous laisse, faut que j’aille me traire comme une vache, hein Elisabeth !