Rewind

Publié le 08 mai 2008 par Thierry
N'ayant (toujours) pas de connexion Internet sur Paris, pour publier ces très espacées mais néanmoins très attendues colonnes, je les envoie à mon amie L., qui est une des plus ferventes lectrices. C'est pratique, d'ailleurs. Grâce à mon tout nouveau laptop, je les écris dans le train, dans un parc sous le cagnard parisien, chez moi dans mon appartement surchauffé, dans mon Starbucks attitré, puis je fous tout ça sur une de mes clés uzbe, les ramène au boulot et lui envoie par mail.

Finalement, comme au boulot, je ne m'occupe de trouver le sujet, de rédiger l'article et j'envoie le tout au prestataire pour qu'il s'occupe du reste.

Sauf que si mon créa fait plus ou moins bien son job (parfois moins que plus d'ailleurs, mais c'est une autre histoire), il ne se permet pas, contrairement à L. de me passer un coup de fil pour me dire ce qu'il en pense. La dernière note, écrite cette nuit à 02.00 au retour d'un dîner on ne peut plus charmant, racontait plein de choses. Comment je passe mes journées de vacances amplement méritées à ne rien faire, comment je retrouve Paris en la parcourant de part en part, et en la caressant à coup de roues de Vélib', je racontais aussi que le retour au taf allait être plutôt hardos, après ces 10 jours de farniente totale. Je vous racontais que j'allais commencer à passer de l'autre côté de la barrière, en faisant passer mes premiers entretiens d'embauche pour me trouver mon tout premier stagiaire. Y'avait encore deux trois petites choses. Un peu de Lille, je me souviens. Un peu de sacs et de pompes, parce qu'on ne se refait pas...

Bref, une jolie note, pas utile, certes, mais qui avait le mérite d'exister.

Or ce matin, après être allé au boulot (oui, parce que je suis le seul neuneu de la Terre à aller travailler pendant ses vacances, alors qu'il est stagiaire. Je tiens à le préciser...) et lui avoir envoyé cet article nocturne, je reçois un coup de fil, alors que j'étais en train de choisir mon Vélib' pour ma balade du jour. Je viens de la finir, qu'elle me dit.

"Et ?


- ben... J'ai probablement pas tout capté... Ca parle de rien, si ?


- euh...


- non, parce que, même quand tu racontes rien de concret, il se passe toujours quelque chose, mais là...


- ... ... ... ben je l'ai écrite cette nuit...


- ouais, ça se voit..."

Je vous épargnerai les détails, cette fille n'est qu'une inculte. N'empêche que du coup, ben j'suis un peu dèg. Et si je n'arrivais plus à écrire, depuis que je suis sur Paris ? Je ne dis pas que c'est grave : je sais faire plein d'autres choses depuis que je suis ici ! Je sais dépenser encore plus de sous, je sais passer le balai, je sais que je tiens l'alcool mieux que je ne l'aurai cru, je sais enfin demander l'addition sans rougir ou slalomer entre les bus à toute vitesse à vélo, j'ai découvert Lyon, Aix en Provence et Strasbourg, j'ai découvert de nouveaux coins de paradis parisiens, j'ai découvert de nouveaux gens...

Mais peut-être ma plume est restée accrochée à mon clavier Lillois. Peut-être n'ai-je emmené dans mes cartons que celle pour écrire corporate.

Pourtant Lille ne me manque pas forcément. C&T, oui, bien sûr. Mais si au début je rentrais très souvent, aujourd'hui c'est lui qui est tout le temps coincé entre les quatre murs de mon petit appartement. Mes potes me manquent aussi. Ca me manque de passer trois soirées par semaine minimum au Bar Parallèle avec groupe d'amazones. Mais on s'appelle tout le temps. Elle descende assez souvent également. Et nos emplois du temps ne sont plus les mêmes.

Je n'ai, à part eux et quelques paires de baskets que je ne mettrai plus jamais, pas l'impression d'avoir laissé quoi que ce soit à Lille. Mais qui sait. Si, finalement, écrire sur Lille était plus évident que d'écrire sans Lille ?

On verra ce que L. en dit. Et ce que vous en pensez...