Magazine Journal intime

Valises

Publié le 20 novembre 2013 par Eric Mccomber
Je rebranche. Hier en arrivant du Edgard dans l'orage impénitent, j'ai eu un haut le cœur, un vrai. Des mois de valises jonchaient mon studio. Comme j'avais transporté la moitié de mon équipement à Paris en septembre et redescendu tout ça la semaine dernière, le local était sans dessus dessous, et surtout, tout était déconnecté.
ValisesComme pour ajouter à mon désarroi, j'ai trouvé le moyen de laisser mon téléphone à Paname. À l'aller, c'est mon chapeau, que j'avais paumé. Faut le faire. La tête. Où avais-je la tête ? Tu veux que je te le dise, ti-con ?
Le chapeau m'attendait, accroché à ma porte. Pour ce qui est du précieux mobile… Devrait normalement arriver aujourd'hui grâce à la Pchite Perle. Mes messages ! Mes appels ! Mon agenda ! ma lampe de poche, mon appareil-photo, ma caméra, mon disque de sauvegarde, mes billets de train, mon livre d'adresses, mes courriels, c'est soudainement tout ça qui chie dans une seul concert de technoschizophrénie. 'Tain de bidule.
Modestine a été parfaite dans les transports. Même pas un petit vomi. Je l'ai emmenée à Nîmes faire au pied de son arbre, le seul qu'elle accepte bien d'arroser. Même en pleine averse, elle s'est exécutée. Puis, comme d'habitude, fallait attendre qu'elle enterre bien tout ça, de trois directions différentes. Good gurl. With your brown Auvis curls. À l'aller, elle nous a fait un de ces trucs, 1 kg de vomi devant, un kilo de caca derrière. Tout ça fleurait bon la croquette à l'acide gastrique. Miam. La pauvre princesse. Elle a mis trois jours à s'en remettre, côté égo. Elle rampait sur les planchers, en Essonne. Même pas elle voulait sortir faire la promenade.
Un petit carré bleu mauvais commence à se dessiner au plafond du studio. C'est votre aube, à vous, les inscrits. Les chanceux qu'on convie à l'existence. J'ai failli me joindre à vous si souvent. Mais voilà, minette et moi, on retourne aux catacombes. Y a nos odeurs partout, c'est rassurant.
Aja. Je viens de terminer de reconnecter la sono du studio. Qu'est-ce tu crois que je m'envoie ? Roxy et Steely, depuis que j'ai commencé à posséder des sonos dignes de ce nom, c'est toujours ce qui passe en premier. D'entendre enfin du son. Je veux dire, du SON… Ouh, ça me tire des larmes. Je crois bien que je jouis. Y-a-tu encore des oreilles, là-bas, dans le monde ? Levez cinq doigts ceux qui n'écoutent pas leur zique dans une paire de merdes en plastique à 14€. Je sais, j'ai fait pareil, mais j'avais connu la limpidité. Argh. Welcome back to Big Bang Sandbox. Oah, deux mois sans entendre des hautes calibrées, des basses à leur place, oah, oah, oah.
Peg vient de finir. Ouh. Là, tiens, Pchite Perle, c'est Curtis. Tripping Out. Oh yeah. Tripping out over you babe. Ouf, je retourne vers Steely et je me passe Hey Nineteen. Ça me remet d'aplomb. Pis merde, y a qu'à se faire une petite morphine, hein ? Après tout, chuis tout équipé.
La vallée du Vidourle fume comme une locomotive immobile. Les gouttes de pluie huileuse et lourde strient les carreaux. La minette passe tout son temps sur les toits. C'est son royaume primal. Elle rentre à minuit, pas avant. Elle sort pendant que je prépare le premier espresso. Peut-être que j'irai marcher tantôt. Comme hier. Je prendrai mon chapeau, bien sûr. Je rase un peu les murs.


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