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L'esprit du sport

Publié le 20 novembre 2013 par Mari6s @mari6s

Ai-je déjà parlé du sport à l’école sur ce blog ? Peut-être pas, puisque je l’ai fondé en 2008, alors que j’étais déjà au Cned et que j’y avais donc déjà échappé !

Le thème me vient à l’esprit après un débat pendant un cours, où des idées fort intéressantes ont fait surface sur les façons de promouvoir l’activité physique auprès des jeunes, notamment l’importance des modèles que l’on peut trouver dans le monde du sport professionnel (avec le problème de la domination de l'argent, et la représentation inégale dans les médias des sportifs et des sportives).

Pour commencer, je vais décrire rapidement mon expérience du sport en milieu scolaire : un cauchemar. J’ai détesté ça dès le début du primaire, avec l’apparition de la compétition, et jusqu’à mes 17 ans environ, une fois au Cned, grâce aux entraînements avec mon père.

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o J’étais toujours la dernière choisie lorsque l’on formait des équipes.

o En course j’étais toujours parmi les derniers.

o J’étais très mal coordonnée – d’ailleurs c’est toujours un peu le cas, cela m’a notamment posé des problèmes pour apprendre à conduire, les lecteurs les plus anciens de ce blog se souviendront de mon désespoir…

o J’avais une peur bleue de tout objet de forme vaguement ronde qui arrivait à grande vitesse dans ma direction, ce qui concrètement signifie que lorsqu’on m’envoyait une balle ou un ballon, je courais dans la direction opposée… Pas exactement la meilleure façon de se rendre populaire auprès de ses équipiers, mais d’un autre côté, on s’épargne toute commotion cérébrale ;p

Au collège les choses n’ont fait qu’empirer avec ma santé fragile. Course dans la boue en automne, natation en hiver… Je tombais malade facilement, et le reste du temps je me traînais avec un point de côté et je buvais la tasse en me mélangeant les pinceaux dans les étapes du crawl (foutue coordination), devant des profs qui semblaient convaincus que je ne faisais aucun effort.

Car les profs de sport sont un mauvais souvenir indéniable. J’en ai eu 4 dans toute ma scolarité. Au primaire ça passait, au collège l’un d’entre eux m’a laissé un assez bon souvenir même si je souffrais quand même énormément pendant les séances de sport. Quant aux deux autres, l’une en seconde et l’autre au collège… Encore aujourd’hui si je les croisais dans la rue, je crois que j’aurais des envies de meurtre. Ils n’expliquaient jamais rien, ou très mal – les règles des sports collectifs que tout le monde était apparemment censé connaître instinctivement, les rythmes de respiration, comment faire disparaître un point de côté… Comme beaucoup de profs de sport qui sont toujours en parfaite santé, le concept de maladie leur était de plus totalement inconnu, et je devais donc être une flemmarde invétérée. Mots des parents, certificats médicaux, usage abondant de mouchoirs – rien ne pouvait les convaincre de ma bonne foi. Je passerai sur les séances de course dans la boue en cours de convalescence – rechute assurée – et les remarques humiliantes ou juste idiotes.

Allez, je ne résiste pas, en voici quand même une.
« Mais le froid, ça tue les microbes ! »
Oui, une explosion nucléaire aussi.

Bref, vous l’aurez compris, je détestais le sport. La veille des cours, allongée dans mon lit, je m’angoissais en me demandait si j’allais survivre. Et la réalité dépassait souvent mes appréhensions. 

C’est drôle, ça me paraît tellement loin maintenant. Mais pour en arriver là, il a fallu une vraie rééducation et l’obstination de mon père qui m’a traînée jusqu’au lac près de chez nous, autour duquel nous courons, jusqu’à ce que j’en redemande. Jusqu’à ce que j’y prenne plaisir, jusqu’à ce que j’en ressente le besoin physique. Aujourd’hui, je n’imagine pas mon équilibre sans la course.

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Lors du débat dont je vous parlais, certains camarades de classe ont émis l’opinion que, même s’il était important d’avoir un bon prof de sport, cela ne faisait pas tout. Que les élèves eux-mêmes entretiennent l’esprit de compétition qui pose problème.

Je suis partiellement d’accord. Je ne suis néanmoins pas persuadée que l’esprit de compétition acharné soit inné chez les enfants. Les bambins les plus obsédés par l’idée de gagner, qui se transformaient en tortionnaires pour les autres, étaient souvent ceux que les parents poussaient. J’ai le souvenir traumatisant d’un match de l’équipe de foot de mon frère où les parents de ses équipiers, à nos côtés dans les tribunes, hurlaient des encouragements guerriers et des admonestations à leur progéniture.

Attention, je ne dis pas que toute compétition soit forcément néfaste. Mon caractère ne m’y porte guère, mais je reconnais les mérites d’une saine émulation, dans certains cas et dans une certaine mesure. Je viens d’une famille où la pudeur et la politesse incitent à garder pour soi son esprit de compétition – c’est-à-dire, à se réjouir en privé d’avoir enfin surpassé Untel, sans le crier sur les toits et en rebattre les oreilles du pauvre Untel qui, soit n’en a que faire, soit risque de s’en vexer. Je n’apprécie pas particulièrement les clameurs victorieuses de ceux qui estiment m’avoir détrônée de tel rang dans tel domaine, parfois parce que je suis mauvaise perdante, le plus souvent parce que je les aurais félicités de moi-même s’ils m’en avaient laissé le temps.

Là où la compétition m’enquiquine vraiment, c’est lorsqu’elle devient un système obligatoire. Car l’école participe à ce conditionnement des enfants. Dès l’école primaire, on organise des courses et des tournois avec un classement et des récompenses pour les premiers. En sport, mais pas ailleurs. J’avoue qu’un goût amer me revient en bouche en pensant à mes camarades qui ont reçu des coupes, des appareils photo jetables ou des stylos, pour leurs performances sportives, alors que moi, la première de classe, n’ai jamais eu droit, pour mes bonnes notes en maths ou en français, qu’aux félicitations du prof et aux regards de travers des autres élèves. La rancœur n’accomplit rien, mais ces expériences me donnent envie de créer un système plus juste pour mes enfants. Sans supprimer la compétition totalement, mais en l’équilibrant un peu plus et en s’assurant qu’aucun enfant n’est laissé de côté. Tout le monde a un talent, encore faut-il le trouver. Mais l’école, trop souvent, ne fait que mettre les élèves dans des cases. Premier de classe, sportif… et qu’en est-il de ceux qui n’excellent pas dans ces disciplines si réductrices ? Pourquoi les concours de dessin, d’imagination, de blagues, sont-ils quasi absents  du paysage scolaire ?

Mais je m’éloigne des fameux moutons, rattrapons-les. J’avais une deuxième réflexion qui me paraît assez intéressante du point de vue de la promotion du sport auprès des jeunes, non seulement pour qu’ils pratiquent une activité physique maintenant mais pour qu’ils continuent à l’âge adulte. Or, si je me base sur les gens que je connais, j’ai l’impression que la majorité des super sportifs au collège et au lycée abandonnent par la suite toute activité physique. À l’inverse, je connais plusieurs personnes qui, comme moi, détestaient et/ou étaient nuls en sport à l’école, et en font à présent de façon régulière.

Sans généraliser, ce constat me semble signer l’échec de la politique de sport scolaire actuelle.

Comment progresser ? Commençons par donner aux jeunes l’envie de faire du sport, tout comme on devrait leur donner l’envie d’apprendre. Proposons-leur des activités variées, dans une ambiance sécurisante où toute humiliation est bannie, et où la compétition ne commence qu’une fois que chacun a eu l’occasion de s’améliorer à partir d’explications claires de la part du professeur.

Utopie, quand tu nous tiens…

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