Notes en chemin (80)
Voyageurs du temps. - À la fin d'un des plus beaux romans épiques qui soient, intituléMigrations et constituant le chef-d'oeuvre de l'écrivain serbe Milos Tsernianski, celui-ci conclut sur ces mots: "La mort n'existe pas. Les migrations existent". Or je repensais à cette sentence en déambulant, cet après-midi à Colombres, dans le palais bleu abritant l'impressionnant musée de l'émigration des Asturiens, dit Archivo de Indianos, qui documente la saga des migrations économiques (dans le milieu di XIXe) ou plutôt politiques (dans les années 30 du XXe siècle, dès le début de la guerre civile) qui ont poussé les natifs des Asturies à chercher fortune à Cuba, en Argentine, au Mexique ou à Porto Rico, notamment.
Pour ce qui me concerne, je n'ai envie que de me taire là-devant, tant je suis touché par ce qu'on peut dire la ressemblance humaine émanant de ces peintures, qui fait à mes yeux de l'Artiste inconnu, voyageant à travers les millénaires d'avant la Préhistoire, le frère occulte des peintres et poètes de tous les temps...
La Création d'avant la Genèse. - Non sans malice j'ai demandé au jeune guide, francophone et visiblement averti de tous les aspects, artistiques mais aussi techniques de ce patrimoine et de sa préservation, ce qu'en disent les éventuels visiteurs créationnistes du lieu. Alors lui de sourire d'un air entendu, et de se dire indéniablement catholique mais assez humble pour rendre à la Connaissance de science sûre ce qu'on lui doit en l'occurrence, qui n'exclut ni respect devant les rites anciens ni reconnaissance fervente à cet art vraiment premier...