El buen gusto de la Hermana

Publié le 21 novembre 2013 par Jlk

Notes en chemin (81)

  

Loin de la foule. - D'aucuns se tapent mille bornes afin de pouvoir dire qu'ils ont "fait" le Guggenheim de Bilbao, et nous avons "donné" une fois, mais il n'y en aura pas deux. Entre l'ours floral débile de Jeff Koons, le labyrinthe où la multitude tourne en rond et les bricolages minimalistes des stars multi-mondiales maxi-friquées, nous avons cherché un peu de peinture, en vain. Pour dire les choses tranquillement: passé le choc certain de la super-carène architecturale du grand vaisseau vide, nous n'avons trouvé là-bas d'attrait qu'à la cafeteria, sinon rien.

El nieto e l'abuelito. - Ce qu'il faut dire, c'est que l'oeil requis à Bilbao est essentiellement cérébral où confiné dans l'esthétique fonctionnelle, oscillant entre concepts et déco. Je vais faire figure d'attardé voire de réactionnaire mais je m'en balance: pour tout dire je préfère une évocation de Paul Klee signée par mon petit-neveu de 7 ans Adrien, ou une tapisserie de son arrière-grand-père André, à tous les chichis des Sol Lewitt et autres Franck Stella, pour ne citer que  les plus illustres noms du lilliputisme artistique ricain. Ceci pour introduire au museo privado,et sans la moindre prétention snob, de La Casona de Andrin, aux objets intégralement rassemblés par la dona Hermana Grande de la Fuente, ma frangine...   

L'Oeil. - Avoir l'oeil, en matière de goût autodidacte, ressortit à la même donnée, innée ou acquise par éducation ou contacts, qu'avoir l'oreille en musique: on l'a ou on ne l'a pas. Or j'ose affirmer, sans esprit de clan ni chauvinisme familial particulier, que la maîtresse des lieux, à La Casona de Andrin, aura montré un goût raffiné dans ses multiples choix, qu'il s'agisse de la distribution des couleurs de chaque chambre (mais les Asturiens montrent l'exemple avec une propension remarquable à préférer le safran ou le rose saumon, le vert céladon ou le bleu cru pour le façades  des maisons, aux sempiternelles nuances de gris ou d'ocre terne des murs d'un peu partout) à la foison de tableaux et d'objets réjouissant le regard sans la moindre affectation.

Nous sommes ces jours les seuls hôtes de la Casona de Andrin, mais je me plais à imaginer la ruche estivale où passent et reviennent des gens de toute sorte, y compris telle artiste ou tel écrivain amis, dont on retrouve les oeuvres aux murs ou dans les bibliothèques. Tout cela naturellement, en somme, comme partie prenante d'un certain art de vivre où les choses de la culture, les conversations, Mercedes Sosa en  train de chanter à l'instantGracias à la Vida, la confiture de figue le matin et  le vin de don Ramon en fin de soirée, les photos de la smala enfantine, un découpage de ma bonne amie ou une gravure de vieux maître flamand - tout cela fait symphonie...