Il est toujours tentant pour un écrivain - j'entends: un vrai écrivain, moins attaché au résultat de sa production qu'à la recherche aventurière de son art - de délaisser le projet d'un livre pour se consacrer à l'étude de ses conditions d'énonciation. Blanchot a dit ça quelque part. Parvenu en ce point d'où s'écrivent tous les livres, il arrive le plus souvent que le coeur léger l'écrivain véritable se dispense finalement de toute rédaction, pour s'en tenir à l'émerveillement fécondant de sa trouvaille secrète; qu'il garde cette jubilation pour sa propre vie.