L’histoire débute paradoxalement avant elle même. À une époque appelée la préhistoire. C’est durant cette période qu’apparaissent les premiers signes de superstitions de la part de l’Homo sapiens. Plusieurs centaines de milliers d’années plus tard, nombreux sont encore nos contemporains capables de s’imaginer qu’une amulette, le sacrifice d’un poulet ou une quelconque prière aideront à obtenir les faveurs d’un collègue de bureau récalcitrant, une guérison inespérée, ou l’élection de François Bayrou aux élections présidentielles.
Des élections présidentielles françaises qui garantissent l’accès au pouvoir d’une République soit disant laïque depuis la loi de 1905 relative à la séparation des églises et de l’État. C’est pourtant coiffé d’une kippa, symbole ostensible de la pratique du judaïsme, que François Hollande a été aperçu récemment en Israël. Un signe de respect vis à vis de l’obédience de ses hôtes ? Qu’en sera-t-il alors si, par bonheur, il rend visite à la tribu des Maoris qui se tatouent le visage au nom d’autres croyances non moins respectables ?
Ne serait-ce pas davantage aux personnes accueillant un invité d’accepter et de prendre en considération son intégrité morale ? Lors de la réception à l’Élysée du représentant d’un pays musulman, il paraitrait pour le moins déplacé de lui proposer des pieds de cochon au menu. Mettre son convive à l’aise semble la première des politesses et la moindre des élégances. Une attitude radicalement différente de celle qui consiste à le rendre responsable d’une faute diplomatique s’il ne se plie pas à la coutume spirituelle locale. De lui faire porter le chapeau.
La laïcité n’est pas la négation de toutes les religions mais la condition de leur cohabitation pacifique au sein d’un même territoire. Ainsi, le chef de l’État français se doit de demeurer inexorablement impartial et neutre vis à vis de toutes les confessions. Ceci afin de ne pas laisser le Front National travestir cette valeur fondamentale en islamophobie ou en antisémitisme au nom de la nostalgie d’une France chrétienne. Ainsi que pour montrer l’exemple aux pays encore sous le joug d’une constitution basée sur un droit flanqué d’un caractère « divin » dont le sens propre n’a jamais été autant éloigné du sens figuré.
Car lorsque l’on observe l’état du monde, force est de déplorer que les divinités, censées régner sur lui, semblent fort peu miséricordieuses, tolérantes et bienveillantes. Jugeant des êtres sans se soucier de leur bien-être.
Morale de l’histoire : L’homme a fait les dieux à son image.
Guillaume Meurice
30/11/2013