[LA RATURE,
ACCOUPLÉE À LA JOUISSANCE D’ÉCRIRE]
La rature, accouplée à la jouissance d’écrire, témoigne, érectile en sa poigne, de l’infernale demeure où qui s’écrit, déjà mort, n’est pas encore de ce monde. Peut-être est-elle toujours hantée de ce désir double de qui ne cesse d’aimer ce qu’il écarte, ne cesse d’écarter ce qu’il aime, parce que lui-même écart, lui-même en proie à la rature. Joyce raturant et raturant les épreuves d’imprimerie, réécrivant, ne cessant d’écrire, ajournant le livre, son poids de plomb, sa mise au marbre.
La rature dit que ça tâtonne, que ça erre, que ça hésite, que ça cherche, que ça tombe, se relève, s’impatiente, dit qu’il y a du jeu et de la marge là où ça s’engage. La rature montre ce que ne montre pas le mot écrit, la rature montre la solitude de ça.
[…]
Rature est l’un des petits noms du chaos.
Jacques Roman, le dit du raturé/////le dit du lézardé, Éditions Isabelle Sauvage, 2013, pp. 24-25-26-27.
JACQUES ROMAN
■ Jacques Roman ▼
sur Terres de femmes
→ Le là embrase son corps
■ Voir aussi ▼
→ (sur le Cultur@ctif Suisse) plusieurs pages sur Jacques Roman dont une notice bio-bibliographique
→ (sur Terre à ciel) un dossier Jacques Roman
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Magazine Nouvelles
Jacques Roman | [La rature, accouplée à la jouissance d’écrire]
Publié le 01 décembre 2013 par Angèle Paoli
« Poésie d’un jour
