Le Pacifique ne l’est plus

Publié le 01 décembre 2013 par Wtfru @romain_wtfru

Reprenons les bases : la terre est ronde, oui, comme une queue de pelle. Un planisphère est une boule plate, oui, comme ta meuf. Ainsi, la géopolitique n’a rien de très entortillé : il suffit d’observer le planisphère, colorier ses alliés en bleu, les méchants en rouge, les ressources naturelles en noir et dessiner une bombe où les trois couleurs se rencontrent. Là, il y aura conflit. Le secret des plus grandes réussites diplomatiques est donc un bon jeu de crayons de couleurs. Croyez-vous que les derniers évènements récents sur la scène internationale soient indépendants les uns des autres ? Que nenni bande de naïfs ! Le démantèlement des armes chimiques en Syrie, l’amorce d’un accord sur le nucléaire iranien, les hésitations de l’Ukraine entre vodka et champagnskaïa, ou encore l’arrivée de B-52 au large des côtes chinoises est le résultat d’une diplomatie américaine qui change de cap. A en croire ses derniers mois, nous sommes en train d’assister à un rééquilibrage vers l’Asie et certainement la fin des interventions américaines au Moyen-Orient. Très sincèrement, à ce stade, nous ne savons pas encore si nous devons nous réjouir pour le Moyen-Orient ou s’affoler à l’idée de voir que c’est encore les russes et les américains qui ont le plus de crayons de couleurs pour jouer à Risk. Aussi, mais ça nous le savions déjà, c’est la relégation de l’Europe aux conflits dont personne ne parle et dont tout le monde s’en branle.

Le dossier du nucléaire iranien a été relancé de manière officielle dès l’annonce du président américain de renoncer aux frappes aériennes contre le régime d’Assad. Et pourtant, tout le monde était fin chaud, François Hollande en tête de file, sa boîte d’allumette en mains prêt à allumer la mèche d’un Tomahawk. La presse made in USA vient de l’annoncer : un canal secret entre Téhéran et Washington avait été ouvert. Obama avait promis de casser la baraque dès la ligne rouge franchie par Damas et c’est après avoir vu des gamins pris de convulsions et crachant de la mousse blanchâtre qu’il a décidé de laisser le parlement s’exprimer sur le sujet tout en sachant qu’il ne possédait pas la majorité nécessaire pour une intervention militaire. Penaud, François Houlan – et les européens – casse sa dernière allumette, le Tomahawk ne décolle pas et c’est Moscou, qui arrive en force en soulageant le régime syrien en place avec la proposition d’un démantèlement de la totalité de son arme chimique. Tout le monde accepte et le projet nucléaire iranien avance.

Dans quelle mesure les russes étaient-ils au courant de ce canal exclusif entre Téhéran et Washington ? La seule chose dont nous soyons certain, c’est que l’Iran reprend peu à peu sa place de puissance dominante dans la région. Le message lancé par la diplomatie américaine est clair et ne s’embarrasse ni des opinions d’Israël ni de celles de l’Arabie Saoudite lesquels crient au scandale. Les années Bush, père et pisse, ne sont presque qu’un doux souvenir par là-bas.

Pour la petite anecdote, la Chine dont les appétit sibériens ne sont plus à cacher, a pris le soin de tester les States sur leur capacité à défendre leurs alliés dans la région – le Japon, Taiwan, la Corée du Sud – le jour où les négociations à Genève étaient en mode street lourd. La bataille ne fait que débuter. Mais ce que nous pouvons vous garantir aujourd’hui c’est qu’à l’avenir, le Pacifique n’aura jamais aussi mal porté son nom.