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Le Démentèlement de Sébastien Pilote : intense, sobre, poétique

Publié le 02 décembre 2013 par Orage
Le Démentèlement  de Sébastien Pilote : intense, sobre, poétique
Voir et savoir dire sont les forces du cinéaste Sébastien Pilote. Avant l'image il y a les mots autant que les silences, les gestes faits et plus encore les gestes retenus, les répliques  dépouillées de tout verbiage qu'elles en deviennent percutantes. Avant l'image il y a le rythme, une lenteur sans longueur, des mouvements sans brusquerie comme si le temps ralentissait sa course. 
Le scénario est accessoire. Efficace cependant pour exprimer le sentiment que sous tend ce film : l'amour inconditionnel d'un père. Cela aurait pu être raconté en plein cœur d'une ville surpeuplée ou dans une banlieue aux apparences tranquilles. En campant ses personnages dans les champs dorés du Lac-Saint-Jean dont la lumière joue de contraste avec l'intérieur de la bergerie, le cinéaste, sciemment ou non, établit un parallèle entre le lien du père nourricier (protecteur de ses enfants) et la ferme nourricière des hommes. Le démantèlement n'en a que plus d'impact dans tout ce qu'il signifie d'abandon, de sacrifice de soi à l'autre, de la paternité assumée.

Le Démentèlement  de Sébastien Pilote : intense, sobre, poétique

Le Démantèlement, film de Sébastien Pilote met en scène Gabriel Arcand et Sophie Desmarais


Le drame de Gaby en révèle un autre qui, sans être le propos majeur du film, s'y insinue avec une redoutable efficacité. Celui de le l'exode rural. De la survie des fermes familiales. Du démantèlement de cet héritage qui se meurt faute de relève. Pour y avoir investi toute sa force vive, délesté d'une conjointe et de ses deux filles qui souhaitaient vivre autrement, Gaby est confronté à un constat pénible : une ferme dont personne ne veut n'a pas de valeur. S'il veut en tirer un certain capital acceptable il doit se résigner à la vendre en pièces détachées. Tout ce à quoi il a consacré sa vie part morceau par morceau.
L'œuvre de Sébastien Pilote transcende l'humain. La charge émotive de chacun des personnages ne semble jamais gratuite. Qu'il s'agisse de l'ami, de l'ex-épouse, de l'amicale voisine, du jeune employé dévoué, de la fille cadette si absente et pourtant si proche de la sensibilité du père ou de la fille aînée en plein tumulte d'un divorce farouchement décidée à sauvegarder le lieu de vie de ses enfants. Et que dire de Gaby, magistralement campé par un Gabriel Arcand d'une intensité qui s'incruste dans le cœur. Pure beauté. On a le sentiment de toucher la grandeur du regard.
*** réalisateur : Sébastien Pilote
scénario : Sébastien Pilote

image :Michel La Veaux
montage : Stéphane Lafleur

son : Gilles Corbeil - Olivier Calvert - Stéphane Bergeron
décors : Mario Hervieux
musique : Serge Nakaushi Pelletier

interprètes :
Gabriel Arcand
Gilles Renaud
Lucie Laurier
Sophie Desmarais
Johanne-Marie Tremblay
Gabriel Tremblay
Ce film a suscité de nombreux articles de presse depuis sa sortie avec succès au Festival de Cannes. Plutôt que de répéter tout le bien qui en a été dit, je propose ici quelques liens, sachant que le lecteur pourra lui-même poursuivre ses recherches sur la Toile.
 Critiques : Voir
   Ton canapé
   Mauvaise Herbe
Entretien avec Sébastien :  Le Quatre trois
Sur l'exode rural : Nouvel Observateur
Honneurs : prix à Turin
Facebook : Le Démantèlement

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