03 décembre 2013
Les études comparatives récemment publiées sur les niveaux des élèves de 15 ans sont sans appel : notre système scolaire n’est plus efficace, en particulier pour ceux qui ont le plus besoin de s’en sortir. Le modèle français, si souvent encensé, ne fonctionne plus. Il a marché pendant des années, depuis Jules Ferry, mais là, il coince !
Dans son « Portrait social » publié il y a deux semaines, l’Insee soulignait déjà que les décrocheurs se distinguent des autres élèves par leur origine sociale, rejoignant en cela ce que pointait déjà l’OCDE en 2009. La proportion des enfants de cadres est bien plus faible parmi les décrocheurs que parmi les non-décrocheurs (5 % contre 18 %) et la proportion d’enfants d’ouvriers y est, à l’inverse, plus élevée (48 % contre 31 %).
« Les inégalités sont plus fortes qu’ailleurs, c’est le plus grand échec du système français, renchérit Eric Charbonnier, expert à l’OCDE. Et elles démarrent dès la maternelle. » En lecture, en 2009, la France faisait partie des pays où l’écart entre les élèves les plus forts et les plus faibles était le plus important. Et cet écart avait déjà augmenté de 5 % entre 2000 et 2009. Les inégalités valent aussi en mathématiques.
Il n’est pas nécessaire – voire stérile - de se demander à qui la faute. Il faut impérativement réagir, et vite. C’est d’autant plus opportun que l’aptitude aux matières scientifiques ne comporte aucun obstacle « culturel » attaché à la maîtrise de la langue. Les maths sont donc une matière où le fait de « posséder » la culture ancestrale française ne confère pas un avantage décisif. Hélas, cette dégradation n’est pas née d’hier. Je me souviens très bien ….
Quand j’étais petite, mon père aurait bien aimé avoir un garçon. Il s’est beaucoup occupé de moi. Les jeudis après-midis (à l’époque), quand il était à Paris, il m’emmenait visiter des tas de musées technologiques : le musée des Arts et Métiers, le Palais de la Découverte, et surtout nous nous promenions dans des salons techniques professionnels : salon de l’Emballage, salon de l’Agriculture et de la machine agricole, salon de l’Aviation, de l’Automobile … J’adorais ça !
Mais, à l’école, quelle déception : j’aurais tellement aimé qu’on m’explique comment le son pouvait « sortir » d’un disque micro-sillon, comment fonctionne le téléphone, les appareils électriques, comment on raffine le pétrole ou opère la lessive, comment on synthétise les médicaments… Rien à faire, on ne nous parlait que de concepts théoriques, abstraits : des courbes, des fonctions, plus tard des logarithmes … Impossible de relier ces notions à la vie quotidienne. Plus tard, j’ai fait des études, mais j’ai décroché rapidement en mathématiques. On a rapidement conclu que j’étais plutôt une « litttéraire » !!! Seuls quelques élèves ayant des facilités intéressaient les professeurs. Nous devions nous débrouiller par nous-mêmes.
Il ne convient donc pas d’accuser les professeurs d’aujourd’hui. Ils sont eux-mêmes victimes du "moloch" de l'Education nationale, le "Mammouth" selon Claude Allègre ... rapidement neutralisé par le système des rétrogrades de nos enseignants dits "experts" : ceux qui pratiquent les techniques pédagogiques, bâtissent les programmes ....
La tendance élitiste dure depuis bien plus longtemps, et, sauf à considérer que la révolution des études mathématiques et physiques doit relever d’une grande cause nationale comportant la ré-éducation intégrale de tous les enseignants dans les matières scientifiques – il faudra beaucoup de temps pour inverser la tendance. C’est bien dommage !
C’est pourquoi j’adore regarder la série américaine de Nicolas Falacci produite par Ridley et Tony Scott : NUMB3RS, qui donne un aperçu de l’extraordinaire utilité des mathématiques dans la recherche appliquée …. à la solution d'énigmes policières dans le cas présent !