Vous n’allez pas me croire mais pourtant cette histoire est vraie, et je pourrais, s’il le fallait, en apporter des preuves.
J’ai rencontré, la semaine dernière, quelqu’un qui a un travail.
Oui, je sais, cela vous intrigue, cela vous surprend mais ne me demandez pas comment je suis parvenu à être en contact avec lui et ne m’interrogez pas sur son identité car cette personne souhaite rester discrète.
Compte tenu du nombre très élevé de demandeurs d’emploi, des personnes s’interrogent sérieusement sur le scénario suivant : à long terme, la perspective d’avoir un emploi à durée indéterminée deviendra-t-elle un privilège ?
Scoop supplémentaire ! La personne à laquelle j’ai fait allusion précédemment, celle qui a un travail, il lui arrive de travailler le dimanche. Inouï, non ?
J’écoute avec beaucoup d’attention les débats autour du travail dominical et je dois vous avouer qu’il me laisse, comment dire cela tranquillement, dubitatif.
Certains avancent le caractère sacralisé du dimanche, qui ne doit pas être un jour « comme les autres » : journée de repos, de spiritualité, de pratique religieuse, de réunion familiale, de détente et conquête syndicale majeure d’une période où les gens « avaient un travail ».
On a changé d’époque, non ? On va moins à la messe, les familles n’ont jamais été autant décomposées ou recomposées, selon l’angle que l’on choisit, le pouvoir d’achat en baisse incite les personnes à travailler le dimanche pour payer leurs factures qui augmentent et le poids des syndicats est-il aussi significatif qu’auparavant dans le débat public ?
Des sondages récemment publiés nous apprennent qu’effectivement, une majorité de personnes ne souhaite pas travailler le dimanche, et on les comprend, mais que les sondés nous disent également dans une majorité encore plus nette veut que les magasins de bricolage soient ouverts en ce jour précis.
Le plein emploi pour les robots et pour les automates est garanti. Hourra ! Et pour les personnes vivantes ? Rien n’est prévu. Ah.
Le caractère croquignolesque de cette situation est que vous pouvez vous rendre dans un magasin de meubles le dimanche - la loi l’autorise - mais que vous devrez attendre le lundi pour construire ce que vous aurez acheté puisque le magasin de bricolage sera fermé. « Dites-moi cher voisin, vous me prêtez votre clé Allen ? »
Imaginons un dimanche sans personne qui travaille.
Impossible d’aller au restaurant – en famille recomposée ou décomposée -, impossible de se faire soigner par un médecin de garde, impossible d’acheter des fleurs à sa mamie, impossible d’aller dans un parc d’attractions avec ses enfants, impossible d’acheter des croissants à son amoureuse…
Bon, je grossis un (tout) petit peu le trait mais maintenant, afin de ne pas laisser de place à l’interprétation, si j’examine les faits, ils nous révèlent ceci : à date, sur les 23 millions de gens qui travaillent en permanence ou occasionnellement, environ 7 millions de personnes travaillent le dimanche, soit près du tiers.
Statistiquement, autour de vous, parmi ceux qui ont un emploi, 1 personne sur 3 travaille le dimanche. Ça fait du monde Mesdames et Messieurs les Législateurs…
Je vous l’ai écrit un peu plus haut, je suis partagé, je m’interroge, j’écoute, et même si vous aurez compris que j’ai un parti pris sur cette question, je ne suis pas catégorique.
Je suis, toutefois, de par mon histoire personnelle, tellement sensible à tout ce qui a trait à l’emploi et à ce qui peut le favoriser de manière globale que je serais intéressé à l’idée de lire votre point de vue sur ce débat.
Et, par avance, bon dimanche !