On sait pourquoi les catholiques ne votent pas FN

Un sondage réalisé par Paradox’Opinion pour l’hebdomadaire « La Vie » (ex- « La Vie catholique », tendance gauche, groupe Le Monde, dont Pierre Bergé est l’actionnaire), « révèle » (avec tous les guillemets d’un sondage sur le FN) comment les catholiques perçoivent Marine Le Pen et les idées du Front National. Et l’hebdomadaire de gauche de titrer : « Les catholiques, moins attirés par le FN que la moyenne des Français ». Le point sur ce pharisaïsme politique. 

Cette étude a été réalisée auprès d’un échantillon de 7486 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 et plus et inscrite sur les listes électorales. Au sein de cet échantillon, 495 catholiques pratiquants réguliers (c’est-à-dire déclarant se rendre à un office religieux soit une fois par semaine, soit quelques fois par mois) ont été interrogés.

Les catholiques sont donc moins attirés par le FN que la moyenne des Français. Ouf, nous, catholiques, sommes sauf. Nous restons purs, les mains propres et la conscience tranqulle. Nous ne sommes pas comme ces pécheurs, la majorité des français, plus ouverts que nous aux idées nauséabondes de Marine le Pen. C’est ainsi que La Vie s’en tire, avec joie, et sans une once de manipulation, hein.

Cathos = fachos ?

Par contre, on y apprend que les jeunes catholiques sont, du point de vue économique, identitaire et politique, les plus ouverts au discours du Front national. 10% de ces catholiques pratiquants de moins de 35 ans se sentent proches du FN (contre 1% parmi les plus de 65 ans). 35% de ces jeunes apprécient Marine Le Pen (contre 25% parmi les plus âgés).

Et La Vie de s’engouffrer dans la brèche, relevée par Michel Janva :

« Dans cette génération, désinvestie par rapport à la politique et peu imprégnée d’idéologie, la stratégie de banalisation de Marine Le Pen commence à opérer. La destructuration politique et religieuse des nouvelles générations de catholiques est à l’œuvre. Perte de marqueurs idéologiques à droite comme à gauche, manque de repères religieux ou éthiques facilitent cette évolution. »

L’explication vaut, comme dit l’ami Michel Janva, son pesant de cacahouètes… Encore une fois, le vote FN s’explique avec des arguments psychologiques (ce qui constitue indéniablement la plus perverse dégradation de la démocratie) et un « ad-hominem de la faille » : c’est sûrement en raison d’une conscience politique biaisée qu’on en arrive au vote FN.

La conscience politique de ne pas avoir de repères

Ce qui est intéressant, c’est que nous avons une explication tout à fait inverse à La Vie sur chaque point avancé. La Vie est à l’ouest. Le «manque de repère religieux»… Nous ne faisons que ça, à Itinerarium, et dans d’autres médias amis (Le Rouge et le Noir, Nouvel arbitre, Riposte catholique, etc.), que de vitupérer contre le manque de repères religieux inculqués à cette génération, cernée entre le laïcisme aggressif d’un état toujours plus relativiste et omniprésent, et une Église (de France) qui remplit difficilement son rôle d’agrétateur de contenus psychologiques et spirituels, et ne propose que trop de succédannés mondains (crèpes-party, concerts de rock, débraillement liturgique) pour présenter l’inouï de la foi.

Quand à la conscience politique des jeunes chrétiens : est-ce bien cette même génération qui s’est mobilisée massivement dans la rue ces derniers mois, contre la dénaturation du mariage, de la filiation, de la sexualité, du chômage de masse, de la décadence et du nihilisme, que nous ont laissés les générations précédentes ? Donc sur la conscience politique des jeunes catholiques, La Vie peut aller se rhabiller. À moins que conscience politique, pour eux, signifie pleurnicher sur le sort des minorités (dont nous sommes, mais sur lesquels l’indignation est interdite) et jouer de la même lyre que la bienpensance politique et médiatique.

Le Front National républicain et jacobin… reste dans la gorge du citoyen céleste

La vraie et ultime raison, inavouée ou incomprise, encore, inconsciente, aussi, mais tout à fait inhérente à la Weltaschauung chrétienne (sa vision du monde, et son mode d’être-au-monde) pour ne pas voter Front National – et c’est là que le jeune catholique se laisse prendre au jeu – c’est bien que c’est le parti le plus républicain qui existe sur l’echiquier politique. Non au sens du droit-de-l’hommisme, du gauchisme (Zemmour), de l’anti-racisme (Finkielkraut), du relativisme (Benoit XVI) ou de la bienpensance ou du politiquement correct, et c’est là la positivité intrinsèque du Front National, mais bien au sens de la proclamation d’une religiosité républicaine, jacobine et ultra-laïciste. Ce qui ne peut évidemment pas convaincre le catholique conscient des enjeux actuels, lecteur assidu des développements politique depuis 1789, et citoyen indécrottable de la Cité de Dieu.

Point vaste, qui mérite des nuances, de plus amples discussions, un approfondissement dans le programme et la manière de se comporter du Front National, évidemment. Ce qui sera fait, en son temps, évidemment.

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