Tout a commencé quand j’ai lu cette note, là, magnifique.
(Non, elle ne s’adressait pas à moi. Et alors ?)
Si la vie n’était pas la vie, tu m’aurais déjà épousé, oui. Tu aurais pris mon frein à main et lentement tu l’aurais desserré. Je partagerais ma vie entre Paris et le reste du monde, tu partagerais la tienne entre moi et quelques autres auxquels parfois tu résisterais, en songeant aux aventures que je repousse en pensant à toi. En prenant le chemin du retour je ne dirais plus « je rentre à Paris » mais « je reviens vers elle ». Nous habiterions un immeuble au cœur de la ville, sur le même palier mais pas sur le même appartement. Tu ne me dirais rien de tes amants, et tout de tes amantes. Grâce à toi les mots me viendraient plus facilement, tu serais ma muse et écrire nous amuserait – et vivre, encore plus. Je ferais mine de résister quelque temps mais nous les aurions, ces deux enfants, et pendant quelques années nous verrions le monde à travers leurs yeux frais. Puis l’aventure reprendrait de plus belle, parce que nous aurions pour un temps décidé d’être immortels. Un jour nous finirions par casser le mur entre nos deux appartements. Assagis nous y lirions beaucoup, mais les moments les plus délicieux seraient quand tu me lirais ces livres que tu écris en secret pendant que je. Plus tard encore nous découvririons les joies de la nature, nous jouerions encore à nous séparer quelque temps pour mieux nous retrouver, la flamme brûlerait encore, et nous parlerions du monde comme deux gamins tandis qu’avec nos lunettes à double foyer nous regarderions dans la même direction.