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Benidorm

Publié le 09 décembre 2013 par Jlk

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Notes en chemin ( 96)

L'apparition. - Ce qu'on voit soudain là-bas le long de la côte, au détour d'une colline pelée surplombant la route venant d'Alicante, relève d'une sorte de fantasmagorie visuelle, comme on le dirait d'un mirage et produisant le même ébranlement physique et psychique qu'à la découverte, surgi de la plaine texane, du fascinant massif de buildings de marbre et de titane de Houston downtown ou encore, d'une rive à l'autre de l'Hudson, de la prodigieuse échine de Manhattan découpant le ciel au ciseau vif, à cela près qu'on ne voit ici, à l'horizon, qu'un frémissement argenté sur fond de bleus délavés, bientôt effacé par les premiers plans de terre aride...

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L'envers du cliché.- Les conglomérats balnéaires, autant que l'esprit de station, d'hiver comme d'été, nous ont toujours fait fuir, mais cette fois une occurrence familiale nous a poussés à risquer, le temps d'une escale, l'épreuve de ce que d'aucuns nous décrivaient comme l'horreur absolue, style Miami à l'espagnole, et particulièrement en cette saison rassemblant les plus vieux oiseaux migrateurs de l'Europe retraitée, pour ainsi dire le mouroir de la classe moyenne flapie. Or il ne nous a pas fallu plus d'une heure pour découvrir, au pied des buildings et dans les ruelles coupant les avenues rectilignes, ou prolongeant le Paseo maritim où tous vont et viennent, l'envers de ce cliché tout à fait réducteur, du côté de la vie...

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Du popu à l'espagnole. - Cela a commencé, pour la bonne bouche, avec une fabuleuse paella que nous avons dégustée tandis que l'Hidalgo, conjoint de ma frangine aînée dite la dona Hermana Grande de La Fuente - tous deux ayant quitté leur Casona des Asturies glacialement bruineuses pour jouir du climat plus doux de ces lieux -, nous détaillait sa vision peu complaisante d'une forme d'invasion touristique qui ne favorise en rien l'échange entre les cultures. Et de nous évoquer, ensuite, sa première découverte de la "rues des vieux", à Benidorm, où défilent journellement des milliers de Teutons et de Bataves  et autres Anglais jamais familiarisés avec le pays (à commencer par sa langue) en dépit d'années d'installation ou de migrations saisonnières; et de soupirer sur la question sempiternelle de l'imposition de cette immigration de nantis selon lui plus coûteuse à l'Espagne que rentable...

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Mais l'Hidalgo, comme une foultitude d'Espagnols séjournant eux aussi à Benidorm après une vie de labeur et d'économies, est précisément de ceux qui conservent à ce lieu leur touche, qui n'a rien à voir avec la couleur locale du pittoresque touristique,  mais bien plus avec le mélange des multiples Espagnes se retrouvant là comme sur une paradoxale place de village...   

 

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