La première fois que j'ai vus le Retour du Jedi, alors que je n’avais que 5 ans, fut pour moi déterminant. Avec le E.T de Spielberg, c’est probablement le film qui a débuté mon amour inconditionnel pour l’imaginaire. Je vis ensuite La guerre des étoiles puis L’empire contre attaque bien plus tard.
Considéré unanimement comme le meilleur film de la saga, ce deuxième volet est paradoxalement celui dans lequel Georges Lucas s’est le moins impliqué. On a souvent tendance à oublier que la réussite d’un film tient surtout à la compétence d’une équipe entière et pas au « génie » d’une seule personne. Il fallait tout le talent du metteur en scène Irvin Keshner (solide artisan et professeur de Lucas à l’UCLA) et les considérations mythologiques du producteur Gary Kurtz pour arriver à une telle merveille. Ajouter à cela les prodigieux effets spéciaux de Phil Tippett, le savoir faire génial de Frank Oz et la sublime photo de Peter Suschitzky*. (Collaborateur attitré de David Cronenberg)
Une autre idée reçu veut que la réussite de l’Empire Contre attaque tienne à sa noirceur assumée. C’est faux et la première trilogie en est l’exemple édifiant. C’est plutôt ses références constantes aux mythes et aux contes qui en fond une œuvre aussi inoubliable aujourd’hui. En effet l’Empire contre Attaque est un film de fantasy. C'est une fable initiatique proche des récits fondateurs de l’humanité et porteur d'une série de questionnements tels que : le choix, la foi, l’identité ou l’amour impossible. Pas mal pour un simple space opéra.
On peut comprendre ainsi la relative déception que fut Le retour du Jedi, qui n’est (malgré quelques fulgurances) qu’un remake en moins bon du premier film. ** La reprise de pouvoir de Lucas a fait sombrer la franchise dans des abimes de médiocrité et la volonté de confier la nouvelles trilogie au sympathique mais peu inspiré J.J Abrahams laisse présager le pire. Si on me demandait la parfaite définition de la magie au cinéma je choisirais probablement ce film. Les scènes avec Yoda plus précisément, accompagnées par la musique céleste de John Williams.
*Grace à l’animation et à l’éclairage, à aucun moment on ne réalise que Yoda n’est qu’un bout de caoutchouc.
**Il suffit de voir la différence de traitement du personnage d’Han Solo qui devient un sidekick comique bouffon sans grand intérêt.