Les contes de la rose – Chapitre VII

Publié le 13 décembre 2013 par Observatoiredumensonge

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Jean-Marie Pieri nous propose un conte moderne sur l’incompétence des socialistes au pouvoir : à savourer avec délectation…

A l’Observatoire du MENSONGE, nous aimons la liberté de publier.

 TRIBUNE LIBRE 

*** Attention ce texte est une TRIBUNE LIBRE qui n’engage que son auteur***

   Les contes de la rose   

Par Jean-Marie Pieri

Chapitre VII 

   I have a dream!

Une forêt de coquelicots géants avait investi l’allée de gravier, la garde fraternisait avec les bonnets écarlates, le Palais avait répondu aux aspirations du peuple: assez de conflits, de diatribes, de maladresses, sorte d’union nationale improvisée où chacun interprétait les évènements à sa façon: en un mot c’était l’anarchie la plus totale.

Le roi gémissait de douleur en voyant le triomphe du désordre, le saccage de l’institution qu’il ne voulait pas laisser aux mains de la populace en colère, un cauchemar le harcelait: trois sorcières échappées des enfers, trois soeurs édentées lui murmuraient: honte, lâcheté, trahison! L’effroi tue l’espoir, défait l’esprit qui se fait coquille, la peur le brise contre le mur de la mort, nous t’avions prévenu des risques…

Au milieu de la nuit le roi se réveilla tout en sueur, l’esprit glacé, il préférait dormir seul dans un lit double depuis l’enfance, il était terrifié par l’orage: derrière les portes fenêtres de la chambre, les persiennes filtraient des ombres qui tentaient de se glisser dans la pièce éclairée par un rayon de lune, l’enfer, les bruits d’ailes des prédateurs tapaient au carreau, dispersant à regret son cauchemar.

Sa main au ralenti suivait la bordure du lit et plongea vers la table basse au chevet pour saisir son eau minérale préférée avec ce logo rouge qu’il affectionnait tant.

Il but une longue gorgée au goulot se redressa, posa la bouteille royale, ses jambes un peu courtes touchaient à peine le parquet qu’il effleura du bout des orteils, une odeur de cire vint lui chatouiller les narines, comme à la maison, pensa-t-il, il ne voulait pas allumer, ni attirer l’attention des gardes.

De sa démarche particulière il se dirigea en trottinant vers les grandes fenêtres, savourant la douce chaleur des lattes de chêne sur ses pieds nus, il caressait avec amour les boiseries finement ciselées et sculptées, plaisir rare qu’il ne pouvait assouvir qu’à l’abri des regards indiscrets.

Un regard sur l’allée principale, sur la plage aux graviers prestigieux qu’il s’était appropriées, le rassura.

Rien de tout cela n’était vrai! Il huma avec délectation le petit courant d’air que le silence épaississait.

Comment faire confiance à cette nuée de conseillers peu scrupuleux qui volètent pires que les mouches… briser cet écran de courtisans qui me coupent de la réalité, trop de clans, trop de groupes d’influence, de lobbys, il faut faire place nette!

Mes sorties du palais montrent une situation radicalement différente de celle que me présentent mes stratèges et autres experts en communication qui s’auto-intoxiquent… aveuglés par la suffisance et ce nombrilisme hérité du jardin qui nous tue!

Même le plus grand Expert de tous les temps conseiller de Dieu ne m’est d’aucun secours et déraille jusqu’à l’absurde… mes trois têtes d’oeuf, têtes de pioche, se contredisent à chaque instant et se ridiculisent, il est vrai que l’économie n’est pas une science exacte, mais parler d’économie n’est pas un vulgaire bavardage de salon et ces bravaches m’exaspèrent. Mais le temps n’est pas encore venu d’envoyer un bon coup de pied dans la fourmilière, pas de précipitation, Premier peut encore servir, il convient de prolonger ce serviteur fidèle et de modérer l’ambition des opportunistes…

Le roi perplexe se grattait le cou, il se tapotait les joues comme pour s’encourager: ne pas céder aux pressions, garder le cap comme Christophe Colomb… l’inversion promise n’arrive pas, mais les chiffres… pas si mauvais, mais prudence… l’autre, le seul adversaire, combattu puis écrabouillé, renait tel le phénix de ses cendres, il rit sous cape et prépare son retour, je le vois jour après jour disposer ses pions avec minutie, reconstruire son réseau pièce à pièce, remonter dans l’estime du peuple, stratégie du silence si payante, ce combat est titanesque, l’issue incertaine… ce peuple si versatile et oublieux pourrait très bien le plébisciter demain, n’en faisons pas un martyr, ce que je répète au petit sans pouvoir lui faire entendre raison, mais l’adversaire est coriace et il regagne du crédit alors que le mien s’amenuise!