The office party, c’est la fête de Noël du boulot. Pas moyen d’y échapper. Dès fin novembre, absolument tous les employeurs organisent quelques chose de plus ou moins élaboré selon la taille de l’entreprise. J’ai de la chance, je m’en tire maintenant avec une soirée informelle au pub. Marichéri a droit à la super office party, avec tous les accessoires. Heureusement, il commute, entre les trains qui fonctionnent mal, et 5 enfants, dont un au moins peut faire semblant d’être malade, il trouve souvent une bonne excuse pour se défiler. Ce n’est pas par esprit ronchon, mais il ne suffit pas de travailler toute la journée avec des collègues pour avoir envie de les voir en dehors du boulot. Au contraire même!
On voit beaucoup d’office parties dans les séries ou films américains et anglais, et non, ce n’est pas exagéré. Les réjouissances ont rarement lieu dans les locaux, mais plutôt au restaurant, ce qui vous permettra de tester les réveillons russes ou mongols ( Londres est très internationale. C’est une bonne chose. Sauf pour le thé au beurre de yak). La joie commence une semaine avant, quand un illuminé des ressources humaines, déguisé en lutin déboule dans votre bureau avec un grand sac en hurlant "secret Santa". Vous avez de grandes chances d’en lâcher votre café et d’inonder votre clavier, youpi. Ce n’est pas un employé qui a pété les plombs à cause du stress dû à l’explosion des cours du matériel informatique. C’est normal. Vous allez devoir tirer au sort un nom, et faire un cadeau à cette personne. Et en échange vous recevrez quelque chose d’un troisième qui aura tiré votre nom. C’est très bien sur le principe, mais dans une grosse boîte, il y a des chances que vous connaissiez à peine de vue la personne en question, quoi lui offrir? Vous optez bêtement pour des chocolats, et vous êtes prise d’une angoisse terrible après coup: et si justement cette personne est diabétique? Ou allergique? Les ambulances sont débordées à cette période de l’année. Si on n’a pas le temps de l’amener à l’hôpital? (à cause de son allergie) Si elle meurt? Est ce que c’est un cause valable de licenciement " a tué un collègue à coup de secret Santa"? Finalement, on va amener un pot de fleur. Vous seriez surpris des cadeaux idiots que vous risquez recevoir. J’ai subi reçu avec joie un magnifique presse papier en cristal avec la tête de Padre Pio (un saint très populaire en Irlande), un briquet gravé à mes initiales ( je ne fume pas), une assiette peinte avec la baie de Dublin, et plus récemment un mug "William and Kate" que j’ai refilé à la tombola de l’école. …mais le pire des cadeaux a été offert par un DRH à une de mes collègues, il y a plusieurs années. Ce monsieur avait non seulement l’âge d’être son père, mais aussi des responsabilités certaines dans l’entreprise. Il lui a offert un pot de chocolat à tartiner sur le corps. Avec la spatule. Et les instructions illustrées. Je rappelle que ce n’est pas une fête de famille où le grand oncle un peu lourd fait des blagues, c’est dans le cadre du travail avec des collègues. Ahaha.
Passons maintenant aux tenues. Toute office party qui se respecte sera "black tie", c’est à dire habillée, mais littéralement , c’est "cravate noire". Donc bien évidement les messieurs viennent en costume, mais sans cravate, pour faire festif. Les dames sortent leurs tenues de réveillon. C’est un enchantement. Je ne veux pas faire ma rabat joie, ni me répéter, mais encore une fois, on n’est pas entre amis, mais entre collègues. Les robes très, très courtes et aux décolleté plongeants c’est un style, est ce vraiment celui qu’on veut aborder devant son patron? Et côté pratique, il fait très froid quand même. Avec leur mini robes et leurs sandales pailletées, même les anglaises bleuissent rapidement de froid sur le chemin du resto, si vous arrivez en retard, vous allez vous croire égaré dans le village des schtroumpfs. Heureusement, l’alcool coule à flots et réchauffe rapidement tout ce petit monde. Et c’est ainsi que vous vous retrouvez le lundi suivant dans le bureau de votre boss à lui jurer que non, pas du tout, il n’y a aucun malaise, ça a toujours était votre rêve de lui tenir la choucroute pendant qu’elle vomissait sur l’épaule du grand patron.
Bref, je ne suis pas fan des offices parties. Parce que non, il ne suffit pas de partager le même bureau pour être copain. Et les beuveries qu’on paie ensuite tout le reste de l’année, à coup de bruits de couloirs médisants, et qui plombe une carrière en dix secondes, je ne vois pas l’intérêt. C’était ma minute Grinch. Je vous laisse, j’ai un costume d’elfe à coudre.