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Du socialisme avant Marx (Commune 11/24)

Publié le 15 décembre 2013 par Deklo

Du socialisme avant Marx (Commune 11/24)

Précédemment on a vu les tensions monter au cours des élections législatives ou encore l'entrée des Prussiens dans Paris...

[ Brouillon de l'introduction à reprendre : Il n'y a pas d'idées politiques. Il y a des émotions, non même pas... des mouvements qui auraient quelque chose des affects, c'est-à-dire la sécrétion tonique et écarquillée de marques de territoires, situer, aliéner dans des rapports différentiels, des mouvements d'affects, donc, politiques. Par exemple, on peut les ignorer tout à fait, c'est-à-dire ne pas se laisser gagner par ce bruissement véhément qui affirme et se convainc. On peut. C'est inconséquent. Il y a des... je ne sais pas comment appeler ça... réflexions peut-être sur les modalités politiques. Ca oui. La séparation des pouvoirs par exemple, c'est quelque chose ça, ça consiste [ au sens de consistance, ça consiste, c'est consistant... j'ai conscience que ça ne se dit pas...]. On fait quelque chose avec ça. Un affect situationnel politique, non. Je veux dire non, on ne fait rien, un embarras, des lubies et des certitudes religieuses illuminées - ce qui est illuminé ne fait pas de lumière... Je veux dire, ça marque un rapport de forces, une idée politique, ça change selon l'autre terme du rapport, c'est parfaitement fongible et anecdotique, ça tient de l'ordre du prétexte, ça ne mérite donc pas de s'y attacher. De remonter le cours oui. Parce qu'on aurait tort de moquer l'engagement, la ténacité des combats qui se font au nom des idées politiques. La foi, comme trahison de l'intime, espoir, détresse du réel, ça a toujours quelque chose de bouleversant et d'épouvantable.

On peut le prendre autrement. On peut regarder ce que c'est, une opinion. Qu'est-ce que ça fait. Ca ne soupèse pas, par exemple, il me semble, ça tranche. Ca ignore les complications pour s'arrêter, se fixer fictivement en un point. Il me semble que le moment où on se fait une opinion, c'est le moment où on arrête de réfléchir à la question qu'on soulève. J'imagine pour être tranquille et se débarrasser. Il me semble que, précisément, si on soupèse, on ne sait pas se fixer et la question continue de courir. Je suppose que les questions ouvertes, qui courent et travaillent, c'est le désordre et l'inquiétude. C'est la contrariété...

Dans ces idées qui s'échangent les unes les autres pour maintenir des rapports d'aliénation politique et un ahurissement fidèle [ je dis que fidèle c'est l'adjectif de foi], dans ces ressentiments différentiels, où idées, paroles, colères ne sont que prétextes proliférants, sans qu'on sache très bien dire si elles parlent plus de ce à quoi elles s'opposent, qui prolifère aussi, il y a des intuitions. Ces intuitions, il se trouve qu'elles sont faites pour m'agourmandir tout à fait.]

[ Pour donner à pressentir des dynamiques qui n'atteignent pas un point où on s'y retrouverait tout à fait, procéder par bribes et contrariétés, maintenir les distances, les silences, les trous, laisser le lecteur recouper, déduire, reconstituer... Ce qui importe est dans ce qui ne sera pas noté.

Reprendre cette citation à propos de Jules Guesde qui participa à imposer le marxisme à la gauche française : " ce qui rapprocha Marx de Guesde fut leur accord sur le fait que l'influence dirigeante dans le parti 'devrait venir d'en haut, de ceux qui savent davantage'... ". Vérifier ce point : Lettre de Guesde à Marx, 1879 : " Comme vous enfin, je nie que la simple destruction de ce qui existe suffise à l'édification de ce que nous voulons, et je pense que, pendant plus ou moins longtemps, l'impulsion, la direction, devrait venir d'en haut, de ceux qui "savent davantage. (...)" ".

La question n'est pas de remettre en cause le marxisme en se faisant exégète de son corpus, mais de pressentir comment son paradigme est perçu à un moment, 1871, où il reste exogène au socialisme. Les courants de gauche depuis le 20e siècle étant des degrés de marxisme, le marxisme ayant exercé une constriction qui aura redéfinit la gauche par degrés et la droite libérale par différentiel compulsionnel tout au long du 20e siècle, certains y trouveront une matière pour mettre en perspective et consolider leur paradigme, d'autres un point d'appui pour tracer une dynamique politique dont le marxisme est, n'est qu'un flux parmi d'autres, un flux de contrariété, qui a vocation à être contrarié donc, etc...

L'idée répandue, Proudhon l'explicite en étudiant un manifeste dit des Soixante, veut que la bourgeoisie se soit émancipée en 1789 et qu'il s'agit pour le prolétariat de " conquérir la même liberté d'action ". Ce qui est remis en cause ce ne sont pas les droits et les privilèges dont jouit la bourgeoisie, c'est le fait qu'elle en jouisse exclusivement : afin " de faire qu'il n'y ait plus ni bourgeois ni prolétaires ". L'égalité politique ne suffit pas ou plutôt ne peut pas se dissocier de l'égalité sociale...

Pour Proudhon, il s'agit de remettre en cause un " rapport de l'homme et du citoyen vis-à-vis de la société et de l'État " qu'il qualifie de " subordination " sur lequel s'articule " l'organisation autoritaire et communiste " et d'opposer une conception : " celle des partisans de la liberté individuelle, suivant lesquels la société doit être considérée, non comme une hiérarchie de fonctions et de facultés, mais comme un système d'équilibrations entre forces libres ". Et de mettre au point une approche prenant appui sur la réciprocité, la mutualité, où la question de la domination du prince ou du gouvernement ne peut plus se poser, puisqu'on ne parle plus d'État, de pouvoir, d'autorité, mais de " la somme, l'union, l'identité et la solidarité des intérêts particuliers ".

Remarquer que si on voit bien qu'on ne peut parler de démocratie que débarrassé de l'autorité, en s'arrêtant à ce nom " intérêts particuliers ", la conception court-circuite l'équilibre des forces qu'elle pressent et sans lequel elle ne peut procéder et tombe dans un utopisme qui rêve de se passer de police, de répression, de compression sans en formuler même le premier terme... [Par exemple au travail, il y a intérêts particuliers, divergence ou différenciation d'intérêts à partir du moment où quelqu'un paie quelqu'un d'autre. De là la contrariété du marxisme qui, lui, fournit des outils à celui qui est payé pour dire non à celui qui en veut toujours plus pour son argent, etc... Ne pas attaquer le nom " intérêts particuliers ", c'est se priver d'outils... Supprimer].

Noter que si ces broussistes reprochent aux marxistes leur goût pour la parole : " Alors que les marxistes insistaient sur la théorie en tant que guide de la pratique, les broussistes considéraient la théorie comme un processus résultant de la pratique. ", Karl Marx reprochera aux communards de " perdre trop de temps à des bagatelles et à des querelles personnelles. " et d'ajouter : " On voit qu'il y a encore d'autres influences que celles des ouvriers. " Note : s'interroger : est-ce que pour Marx, seuls les bourgeois se querellent ?

Noter qu'un courant non négligeable, derrière Blanqui, réfléchit à l'insurrection par les armes avec des arguments comme : " la force est la seule garantie de la liberté, qu'un pays est esclave où les citoyens ignorent le métier des armes et en abandonnent le privilège à une caste ou à une corporation. " ou : " Dans les républiques de l'antiquité, chez les Grecs et les Romains, tout le monde savait et pratiquait l'art de la guerre. Le militaire de profession était une espèce inconnue. [...]Tant qu'il n'en sera pas de même en France, nous resterons les Pékins taillés à merci par les traîneurs de sabre. "... Avec une propension au romantisme qui s'exprime par exemple ainsi : " Aussitôt le drapeau déployé, faire prêter aux officiers, sous-officiers et soldats le serment ci-après : 'Je jure de combattre jusqu'à la mort pour la République, d'obéir aux ordres des chefs, et de ne pas m'écarter un seul instant du drapeau, ni de jour ni de nuit, avant que la bataille soit terminée.' " ou par ce conseil aux soldats de toujours garder le silence sauf pour pousser le cri de " Vive la République ! " au signal donné...

Préciser que sans doute même les blanquistes n'envisageaient pas sérieusement ces prises d'armes, puisque ce n'est décidément pas par la violence que la Commune saisira le pouvoir : " Ce qui distingue la Commune - toujours en tant que moyens d'action - veut-on le savoir ? C'est que l'épaulement des fusils a été précédé du dépouillement des votes ; c'est qu'avant d'être donnée aux canons, la parole avait été donnée aux urnes ; c'est que la bataille, au lieu d'être la préface, a été la suite, la servante du scrutin. " et que ce n'est pas tant le peuple qu'on aura exercé à se battre que l'armée permanente et la police, " instruments du pouvoir matériel de l'ancien gouvernement " , qu'on aura remises en cause : " Au lieu de continuer d'être l'instrument du gouvernement central, la police fut immédiatement dépouillée de ses attributs politiques et transformée en un instrument de la Commune, responsable et à tout instant révocable... ". ]

[ On abordera plus concrètement les paradigmes et les approches de la gauche sur la fin du XIXe siècle en étudiant les programmes des élections de la Commune et les mesures qu'elle prendra ou dont elle discutera...]

Dimanche prochain, on attaquera l'insurrection du 18 mars 1871...

Voir le site du film "Commune"...

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