Tribune libre libre de Jean Dùma
Je ne sais pas ce qui a motivé un panel d’évêques à pondre sa déclaration sur les élections (ce que le Figaro, pas idiot a traduit en « lutte contre l’extrême droite »), mais à part une exploration du grand vide, je ne vois pas à quoi ce texte se rapporte. L’actualité n’impose rien, les listes électorales sont quasiment bouclées, aucun évènement n’a précipité quoi que ce soit, et, peu à peu, dans le dernier élan des courses aux cadeaux, la nuit de Noël va venir dans la paix nous marquer de la faiblesse de l’enfant Dieu.
Le vivre-ensemble devient horizon eschatologique
Quand la « foi au Christ » permet de
«mettre en œuvre, au niveau local, une vive attention à toutes formes de pauvretés et la conduite d’actions dynamiques et inventives pour le meilleur de la vie ensemble»
on peut sérieusement se poser des questions sur l’orgueil clérical. Cette génération de mitrés sans éclat ni ardeur qui a perdu le troupeau qu’ils avaient mission de garder (voir leur statistiques pathétiques ici) a encore le culot d’intervenir en dehors de son cœur de mission, celle du salut des âmes, comme des fonctionnaires expliquant les subtilités d’une négociation commerciale… On pourrait ne pas leur en vouloir, mais, dans le contexte de délabrement de civilisation actuel et l’urgence d’espérance fondamentale, ce rappel est d’aussi mauvais goût qu’un sucre d’orge proposé à un grand brûlé. Le vivre-ensemble devient horizon eschatologique et le salut des hommes prend forme par l’intercommunalité…
Dans ma naïveté, j’avais pensé que la destinée fondamentale des hommes était d’errer entre grâce et péché, dans une sourde lutte contre eux-mêmes et l’esprit malin qui nous taraude, en implorant l’Homme Dieu sur sa Croix. Je pensais que la vie des hommes était naturellement solitaire, de la naissance à la mort, et que la vie de famille, reçue et donnée inconditionnellement, permettait de retrouver un peu de l’amour Trinitaire, attendu dans l’éternité. J’avais aussi pensé que la destruction anthropologique mise en œuvre par le gouvernement était infiniment grave et qu’elle méritait une ligne ferme et claire.
La tâche de César est à César.
L’engagement politique est à renvoyer au cœur de l’intime de chacun, dans la clarté des consciences et le tréfonds des vocations personnelles. Et celle-ci se reconnaît dans le silence et l’exploration du Mystère de Dieu par chacun. Encore faut-il que ce Mystère nous soit offert, en vérité et en totalité, et non bazardé par des clercs approximatifs, superficiels, sans goût ni foi. Et quand on est mauvais, on ferme sa gueule et on se concentre sur son cœur de business.
Messeigneurs, allez donc confesser, prier, tonner en chaire sur l’amour de Dieu, ses formes multiples et ses dons infinis, faites vous entendre des coeurs réels des hommes, et cessez vos tripotages malodorants !