Chroniques de l’ordinaire bordelais. Épisode 79

Publié le 22 décembre 2013 par Antropologia

Délice de la découverte

La dernière guerre ayant supprimé toute circulation commerciale, sans oublier les réquisitions allemandes, le vin est alors devenu rare. Certains en sont morts, me disait-on. Mais cela a eu aussi pour effet de perpétuer ou même de susciter des vignes avec lesquelles chacun faisait son vin. Gros travail, non tant pour la culture que pour l’entretien, beaucoup plus délicat, de ce qui était appelé au siècle précédent, la « vaisselle du vin », les cuves, les barriques et les ustensiles, fouloir, pressoir…

Le résultat était nécessairement inégal mais toujours singulier. D’abord le producteur devait s’en satisfaire et devait s’en trouver satisfait (pour croire, priez, disait l’autre). Ensuite, chaque cépage, chaque terroir, chaque savoir faire suscitait un vin particulier, singulier, original qui ne ressemblait à aucun autre. Délice de la découverte.

Ces connaissances disparaissent par le décès de ces producteurs « artisanaux » et par l’abandon en raison de la masse de travail que réclame la fabrication du vin. Pour leur savoir faire, ces derniers producteurs correspondent pourtant à ce que l’UNESCO appelle aujourd’hui le « patrimoine immatériel ». Surtout, profitons des derniers, merci à Georges, l’un d’eux, pour son fabuleux vin. Que ne sont-ils répertoriés!

Bernard Traimond