Et l’on ne pourra pas me reprocher de ne pas avoir tenté de me réconcilier avec Noël

Publié le 23 décembre 2013 par Pimprenelle2

Cet article je l’ai écrit en direct live dans mon cahier, alors même que je lutter contre la furieuse envie de crier, alors que je sais bien que cela ne se fait pas dans une église, alors que je m’en étais venue écouter un concert de chants de Noël, alors que je n’aime pas Noël, alors qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis …

Aller voir un concert de Noël, arriver très tôt très en avance, bénéficier d’un coupe-file, passer par une porte dérobée, les back-stages, l’entrée des artistes, les saluer se faire toute petite, pénétrer dans l’église, se choisir une place discrète et bien située, s’y trémousser pour se la faire sienne. Et là, tout sourire, vous jouissez, en toute discrétion (on est dans une église tout de même) de se savoir privilégiée … mais pas longtemps, parce que déjà sur votre banc vous avez été rejointe par un couple, monsieur pisse-froid et madame pisse-vinaigre, qui non encore assis râlent et récriminent, que ce n’est pas normal, que c’est inadmissible de ne pas pouvoir réserver sa place (dans une église !), que l’organisation est désorganisée (sic). Et de chercher du regard ceux qui les suivaient dans la file, qu’ils jugent mieux placé, certes derrière un poteau et sans visibilité, mais un rang devant, compte double …

Enfin en panne d’amabilité, ils s’asseyent, monsieur à vos côtés, quel honneur quelle chance, s’installe, prend place d’assaut, la place toute la place, la vôtre, se répand. Là vous savez qu’il va vous plaire,  que c’est une belle histoire d’amour qui est en train de voir le jour !!! Ah oui vous ne pouvez qu’aimer ses longues jambes écartées qui fait croisez les vôtres dans la trajet, le manteau dont il s’est délesté abandonné sur votre cuisse, ses coudes dans vos côtes. Ayant depuis longtemps appris qu’il n’y a pas loin de l’amour à la haine, que pour faire régner la paix faut parfois savoir faire la guerre, vous avez entrepris une reconquête de territoire, parce que il est entendu que vous étiez là avant, vous vous êtes découverte remuante, nerveuse et hyper-active, simulant à la perfection une forme grave de la maladie de Gilles de la Tourette, ce qui n’est pas du tout dans votre nature ni dans la liste de vos pathologies, mais parfois que voulez-vous, dans l’adversité on se découvre différent.

Et bien sachez que la tactique fut payante, que monsieur pisse-froid et madame pisse-vinaigre ont apprécié votre réponse du berger à la bergère, ont mis de la douceur dans leur aigreur, bref n’on plus bougé plus cafté plus moufté, même pas pour chanter, battre des mains, claquer des doigts, et danser n’en parlons pas …

Fin du spectacle, le public en redemande, vos voisins prostrés se rhabillent, se précipitent vers la sortie toujours courbés, n’attendant pas les rappels, fuient la foule, ben oui faut les comprendre, c’est dangereux la foule d’une église, c’est tous les jours que l’on découvre dans les journaux des spectateurs piétinés à la sortie d’une église. Et vous voilà disposant de trois places à présent, pour y répandre votre mépris pour ce couple et tous ceux qui ne savent respecter les artistes leur travail leur talent, les avares d’applaudissement et de leur temps si précieux.

Vous savez à présent que ce fut votre ultime tentative de réconciliation avec Noël, que c’est loupé, que ce ne sera pas pour cette année, que le seul miracle est que vous soyez arrivée à conserver votre calme, qu’il vous faudra cependant songer à remercier la famille Noël, père, mère et esprit, d’être pour vous encore et toujours une intarissable source d’inspiration


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