PLAN DU SITE Marcus Miller le répète à longueur d’interviews: "la musique est un vecteur de paix, et permet la compréhension entre les peuples" et il entend bien l’utiliser de cette manière. En 1986, son mentor Miles Davis lui confie la composition et la production de "Tutu", album culte, en hommage de l’archevêque Desmond Tutu, lauréat du prix Nobel de la paix en 1984, pour son action en faveur de la réconciliation en Afrique du Sud.
Près de trente ans plus tard, lors d’une tournée au Sénégal, le musicien visite l’île aux Esclaves. Le choc est rude et la détresse lui inspire un morceau éponyme: "Gorée 2012". "J’ai écrit ce morceau, après avoir accompli une visite sur l’île de Gorée, Quand j’ai vu les cellules exiguës où avaient été entassés les esclaves, quand j’ai vu la porte de pierre qui donnait sur l’immensité de l’océan et par laquelle les déportés avaient dû passer pour embarquer sur les bateaux négriers, j’ai ressenti un choc, j’ai pensé à mes ancêtres, à leur calvaire."
Empreint de mélancolie le morceau conjugue le souvenir d’une souffrance à la renaissance d’un peuple, "mort à son histoire africaine", mais qui apportera sa pierre à l'édifice culturel de l'humanité: le jazz, le blues, de grands hommes, Martin Luther King, les écrivains, Toni Morrison, James Baldwin et un Président pour les États-Unis!
Mourir à une histoire pour renaître dans un autre lieu, tel est le sens de l’album "Renaissance". Album qui traduit l’émotion à fleur de peau de son auteur et qui lui a valu lors de son passage à l’Olympia, d’être remarqué par la directrice de l’UNESCO, Irina Bokova: "après le concert elle est venue me voir et m’a proposé d’être le porte-parole de la Route de l’esclave".
Le 4 juillet 2013, jour célébrant la Déclaration d’Indépendance des États-Unis, Marcus Miller devient officiellement "artiste de l’Unesco pour la paix et porte-parole pour la commémoration de la Route de l’esclave". Mais il ne saurait se contenter d’un titre, fut-il parmi les plus prestigieux: "je veux agir de manière concrète et remplir pleinement ma mission, j’ai un projet dans les Alpes-Maritimes" mais il n’en dira pas plus…
Peu avant sa venue en Principauté à l’occasion du Festival de Jazz, il a reçu une récompense pour "l'accomplissement d'une vie" par la Fondation Edison, et comme il le dit avec beaucoup d’humour: "cela m’incite à me dépasser et à remettre ça pour les trente années à venir", ce que tout le monde souhaite. En janvier 2014, Marcus Miller reprendra le chemin des studios pour enregistrer un nouveau CD et il reprendra son bâton de pèlerin, car i il l’oublie pas, il a une mission!
Par Lea Raso della Volta