Ça ne tient pas à grand-chose, ou plutôt ça tient à l’abondance de choses. Des lumières pour lutter symboliquement contre les forces des ténèbres qui nous engloutissent à cette période de l’année ; beaucoup de nourriture pour faire bombance une fois l’an, comme une sorte de carnaval qui aurait vocation à exorciser quelque chose ; du champagne, des bulles, plus qu’il ne faudrait ; et puis une débauche de cadeaux pour ceux qu’on aime ; des couleurs, des chansons, des décorations. Noël c’est avant tout l’abondance, pour soi et pour les autres.
L’esprit de Noël c’est quelque chose qui fonctionne dans l’imaginaire de la société, c’est une pure création de l’esprit, mais surtout de la société. Noël d’aujourd’hui n’a quand-même plus rien à voir avec le Noël d’autrefois, et même s’il reste cantonné aux Chrétiens, c’est essentiellement, dans son expression contemporaine, une création aux origines païennes, une réappropriation par la société moderne des cultures nordiques principalement, mais aussi de nos campagnes profondes. Tout ceci ressort de manière à générer une nouvelle fête au centre de laquelle il n’y a plus ni petit Jésus dans la crèche, ni Messe de Minuit. Les esprits chagrins diront que le Noël d’aujourd’hui , tel qu’il est véhiculé dans les mécanismes de transmission est entaché d’américanisme triomphant et que c’est une fête honteusement capitaliste, mercantile et qui ne sert qu’à faire tourner le commerce. Heureusement pour lui, le capitalisme n’a pas eu besoin de Noël pour faire du mal et s’emparer des richesses des sans-classe et les Etats-Unis se contre-carrent de savoir si nous vivons Noël de la manière qu’eux.
Alors qu’on laisse ceux qui voient encore Noël avec les yeux de la magie le fêter avec profusion. C’est un des rares moment où la société fait société, où tout le monde pense aux autres, au moins ai-je la faiblesse d’y croire, de croire dans cette passe un peu angélique que nos préoccupations sont transcendées par l’autre, et qu’il y a dans ces moments que la tendresse s’empare d’une partie de l’humanité. Noël a cette valeur pour moi, une valeur de beauté et de bonté, qu’on m’a transmise dans mon enfance et que je transmets à mon fils. Je suis toujours un peu agacé lorsqu’on me dénigre mon Noël, mais c’est uniquement parce que je suis jaloux de ce que j’en fais et je trouve parfois un peu triste qu’on ne se laisse pas attendrir par cette belle fête.