Revue de presse BD (82)

Publié le 26 décembre 2013 par Zebralefanzine @zebralefanzine

+ Ressemblant à des bois gravés, les paysages hivernaux de Michel Hellman sont en fait découpés dans des sacs-poubelle. Ce jeune auteur québécois vient de publier le "Petit guide du plan Nord".

+ Le choix du caricaturiste d'origine flamande Willem comme président du jury du 41e FIBD colle avec la volonté de nombreux auteurs de s'émanciper du registre puéril où la culture de la seconde moitié du XXe siècle la cantonnait (auparavant ce n'était pas forcément le cas) ; pour autant il ne faudrait pas confondre politique et maturité. L'idéologie est une maladie infantile, et si les oeuvres littéraires ou artistiques étaient toutes "engagées", on crèverait d'ennui.

+ Le festival-off d'Angoulême, via le site de crowdfunding Ulule (qui croule décidément sous les demandes), réclame 2.000 euros pour louer une salle et des musiciens.

+ Sans le scénariste wallon Jean-Michel Charlier (1924-1989), un dessinateur tel que Moebius serait peut-être inconnu aujourd'hui, puisque Charlier le fit travailler sur la série à succès "Blueberry" (sous le pseudo de Giraud). Charlier était un conteur prolifique, puisqu'il travailla simultanément sur 13 séries différentes et fut pour cette raison surnommé "tape dur". Un ouvrage vient de paraître au Castor Astral, signé Gilles Ratier, consacré à ce personnage haut en couleur, dont François Cano rend compte pour L'Express.

+ Xavier Guilbert, du site "du9" dédié à l'analyse du phénomène BD, tire en cette fin d'année le bilan d'une année de production, comme à son habitude. Son compte-rendu est émaillé de quelques remarques acerbes, dont : "(...) au moins, les choses sont claires, et il ne fait aucun doute qu'entre le "petit événement culturel" et "l'événement économique", le coeur du journaliste [des Echos] ne balance guère."

C'est la logique même de l'outil statistique d'examiner les grands nombres et d'en déduire des lois, sans se préoccuper des comportements plus libres. L'abus des statistiques empêche ainsi les journalistes économiques de ne rien prévoir qui ne soit entièrement prédéterminé. Quant au "petit événement culturel", le plus souvent il est "contre-culturel". La "bande-dessinée" n'est qu'une étiquette commode qui recouvre des volontés très différentes, dont il est très difficile de tirer un bilan unique.

+ "Je ne déteste pas internet, mais je suis très vieux-jeu. Je dessine sur papier. Cette semaine, j'ai vu des gens qui s'y connaissent vraiment avec des ordinateurs : ils dessinent, puis ils -jeuscannent tout ça et retouchent sous Photoshop et déplacent des trucs - je ne sais pas trop. Je suis un peu envieux de ça, et en même temps, c'est... C'est déjà suffisamment difficile comme ça. (...)"

Encore dans "du9", le fanzineux yankee John Porcellino fait part dans une interview-fleuve du sentiment d'indépendance que lui procure la production d'un petit fanzine depuis 25 ans. "King-Cat" est tiré à 2000 ex., dont la moitié est écoulée en Europe. John Porcellino tient aussi un blog.

+ En cette fin d'année, les anthologies en tous genres fleurissent sur le net ; celle-ci est consacrée au "street-art" au sens large, du plus décoratif au plus revendicatif, dont la fresque ci-dessous est tirée, (signée toxicomano 686).