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Battlestar Philosophia 5 (Crossover SG-1) : Vrai ou faux dieu

Publié le 28 décembre 2013 par Mari6s @mari6s

 Dans ce Battlestar Philosophia « crossover », je voudrais partager avec vous quelques réflexions sur le rôle des divinités dans deux séries de science-fiction que j’ai suivies goulument : Stargate SG-1 et Battlestar Galactica. Mis à part le voyage intergalactique et leur classification par Wikipédia dans les genres de science-fiction militaire et de space opera, ces séries n’ont pas grand-chose en commun. En effet, Stargate (1997-2007) appartient à la science-fiction d’exploration avec un schéma qui se répète presque systématiquement (un épisode = une planète avec un peuple et une intrigue, même si bien sûr les choses se complexifient au fur et à mesure) tandis que BSG (2004-2009) introduit une science-fiction moins high-tech, plus réaliste et sociale, et sans extraterrestres - les seules races existantes sont les humains et les robots qu’ils ont créés, les Cylons. Mais toutes deux accordent une place centrale à la religion.

L’équipe SG-1 et le SGC (Stargate Command) font face à un certain nombre de « faux dieux » : les Goa’uld et les Ori, qui sont maléfiques, et les Asgard et les Anciens, dont les intentions semblent meilleures. Dans Battlestar Galactica, l’opposition se fait entre le Dieu unique des Cylons (en anglais One True God) et les Dieux des humains (the Gods).

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 On remarque tout d’abord l’importance de la religion comme outil de domination et de contrôle dans les deux séries. Les Goa’uld utilisent leur pouvoir pour réduire en esclavage les humains, et les Asgard réagissent en se faisant eux aussi passer pour des dieux afin de contrer leur influence. Les Ori vont encore plus loin puisqu’ils utilisent (comment, on l’ignore) l’énergie des prières de leurs fidèles pour gagner en puissance, tandis que leurs cousins les Anciens refusent d’intervenir dans les affaires des humains pour éviter ces dérives.

Dans BSG, les Dieux ne font leur apparition que dans le discours des personnages humains et cylons, mais restent d’une importance capitale dans leurs actions. On s’en rend particulièrement compte en regardant la préquel de BSG, Caprica, qui révèle que la religion est le pourquoi, ou du moins le comment, de la rébellion des Cylons ; mais aussi dans la saison 4 de BSG, où des fidèles humains du One True God s’unissent autour de Gaius Baltar, le traitant comme un prophète.

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L’idée centrale répétée à plusieurs reprises dans SG-1 est que le pouvoir des « faux dieux » émane de la technologie et donc de la connaissance, qui n’a pas de vertu morale en elle-même. Ce qui compte, c’est ce que l’on fait de ce pouvoir, ce qui selon les personnages comme O’Neill ou Daniel Jackson, signifie que les Goa’uld et les Ori ne méritent pas d’être vénérés (cette argumentation est notamment développée par Daniel dans l’épisode 9.02). Ce qui est intéressant, c’est qu’ils n’en tirent pas de conclusion quant à la nature divine des Asgard ou des Anciens, dont on pourrait affirmer qu’ils utilisent leur pouvoir à bon escient. La série reste d’ailleurs très « conservatrice » dans la mesure où plusieurs personnages affirment leur foi en Dieu (sans nulle précision, mais ils font clairement référence au Dieu chrétien, je dirais même américano-chrétien) qu’ils mettent en opposition avec les « faux dieux ».

Galactica, au contraire, présente systématiquement le Dieu unique et les Dieux comme des alternatives égales, avec des fanatiques et des gens bien des deux côtés. Les athées, agnostiques et sceptiques y ont leur place, avec notamment Baltar dans le rôle du scientifique cartésien (même s’il se convertit par la suite au One True God), et Adama, qui reste très sceptique tout au long de la série bien qu’il évoque les Dieux dans ses discours comme c’est la coutume des Douze Colonies. Mais la série est malgré tout beaucoup plus mystique, avec une intrigue basée sur les prophéties de la Pythie, et le clin d’œil à la fin de la dernière saison, qui laisse supposer que les Dieux et le Dieu unique ne font qu’un, et sont responsables des visions de Baltar et de Caprica Six (leur seule intervention concrète, d’après ce que l’on sait). Pour autant, à mes yeux, si l’on fait abstraction de l’aspect « tout se déroulera comme cela a été écrit » (qui fait une bonne base pour une fiction mais ne doit pas être pris au pied de la lettre), BSG offre une meilleure perspective des différentes fois ou absences de foi que Stargate – moins manichéenne, ce qui est d’ailleurs un trait caractéristique de BSG qui ne force personne à choisir un camp.

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Un autre aspect intéressant concerne le besoin (ou non) de preuves pour croire. Dans BSG, les conversions sont en général causées par des « preuves » ou du moins des événements qui pointent vers l’existence d’une divinité (c’est notamment le cas pour Baltar dans l’épisode 1.10 et pour Roslin lorsque son traitement pour le cancer provoque des visions prophétiques).

Les personnages de Stargate, au contraire, insistent régulièrement sur le fait que toutes les preuves du monde apportées par les « faux dieux » ne valent pas la foi inconditionnelle. Celui qui le formule le mieux est à mes yeux Mitchell dans l’épisode 9.08 (« You want to believe my people are godless and inferior, go right ahead. But we have never needed proof our gods' existence in order to believe in them » - « Si ça vous arrange de croire que mon peuple est impie, inférieur, libre à vous. Mais nous n’avons jamais eu besoin de preuve que nos dieux existent pour croire en eux »).

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Enfin, il est amusant et sans doute révélateur de constater que les deux séries font apparaître des enfants au rôle central, qui sont d’une façon ou d’une autre des « mélanges », des « métissages » au rôle prophétisé. Dans BSG, c’est Hera, fille d’Athena Sharon, une Cylon, et de Helo, un humain, qui est au centre de la Prophétie et représente l’avenir des deux races. Dans Stargate, on a Shifu, le fils de Sha’re, qui est un Harcesis : l’enfant des deux hôtes humains de symbiotes goa’uld, et dépositaire de toutes les connaissances des symbiotes en question ; et l’Orici, Adria, fille de Vala, qui dispose de toute la mémoire des Ori qui l’ont engendrée sans père (de façon similaire à Jésus dans la mythologie chrétienne). Ces trois enfants sont tous présentés comme potentiellement dangereux car pas « naturels », ils sont la cible de personnes mal intentionnées. Lors de la grossesse de Sharon, Roslin et Adama envisagent un avortement forcé, puis la laissent finalement accoucher mais prétendent que l’enfant est mort-né et la cachent de peur que les Cylons ne la trouvent et s’en servent contre les humains. Shifu est lui aussi caché et confié aux soins d’Oma Desala, qui fait partie des Anciens, et il n’échappe finalement à ceux qui voudraient l’utiliser qu’en effectuant l’Ascension, devenant à son tour un Ancien. Adria, quant à elle, remplit son rôle de chef des armées Ori lors de l’invasion de notre galaxie, après que Daniel Jackson et Vala aient échoué à l’arracher à l’influence des Ori. Le mélange (humain/machine, humain/goa’uld, humain/Ori) est donc inquiétant, car l’enfant qui en résulte en sait plus qu’il ne devrait…


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