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Roman-photo

Publié le 28 décembre 2013 par Jlk

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5. Le genre, et surtout le langage du photo-roman, exigent prompte réhabilitation ou tout au moins revisite, puisque là aussi, il faudrait dire là d'abord, gît la moderne modulation de l'amour en sa phase la plus pure, où la sténo-dactylo riche et le garagiste pauvre dictent le scénar.

Flynn est à la fois auteur et personnage, chose rare dans le genre. Mais le plasticien mal rasé et tout à fait ingénu (n'est-ce pas...) peut entrer en ligne de compte pour peu que  la belle prof de lettres y aille recta de sa cruauté fatale.

"Rouge est la vie,  blanche est la mort, rose est l'amour avec un zeste de noir et du gris tout autour", écrit-il. Ce qui passe plus ou moins bien dans le gris/blanc laiteux du fumetto où le sang est forcément plus noir que le rouge de la vie. Mais voilà: le cinéma de Flynn renvoie, assez naturellement, à celui de Fellini et bien sûr au Sheik blanc, pastiche insurpassable du roman-photo à l'italienne, traduit parfois par Courrier du coeur.  

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Celui-ci est au coeur aussi de Fiasco FM, littéralement truffé de petits messages et autres déclarations godiches de toute sorte. On peut être punk et resté nunuche comme une lectrice de Duras et de Confidences : le romantisme a ses raisons qu'Alberto Sordi justifie d'un baiser plein de lèvres quand la jeune mariée, lectrice précisément du roman-photo Le Sheik blanc, se pointe à Cinecittà pour voir l'idole qui répond, croit-elle, personnellement à ses lettres. On trouve le même genre de situation dans Miss Lonelyhearts de Nathanael West, où celle qui répond au courrier du coeur d'un journal se trouve être un teigneux littérateur féru de Dostoïevski.

Flynn écrit: "Aplaudissements ! Je crois t'apercevoir dans le rétroviseur de ma voiture. Deux secondes plus tard je lève les yeux pour vérifier mais c'est un énorme camion noir qui défile dans le miroir, puis un autre, comme si c'était l'écho du premier". 

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Applaudissements à tout rompre, aussi, à la fin du Sheik blanc de Fellini: quand la jeune mariée, de retour à Rome de Cinecittà, humiliée par le sordide Sordi en turban et décidée à en finir avec la vie au lieu de rejoindre son niais de mari tout neuf, se jette solennellement dans le Tibre, dont les eaux à cet endroit ont à peine plus de profondeur que celles d'un seau...

Tel étant le tragi-comique du roman-photo, qui prête à sourire plus qu'à rire, si cher à nos plus chers souvenirs de fiascos...

Flynn Maria Bergmann, Fiasco FM, art & fiction, 128p.


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