"Words, words, words..." (William Shakespeare, Propos de table)
Celui qui se dit poète parce que ça pose son Belge / Celle qui voit de la profondeur partout où il y a du vide / Ceux qui lèvent les yeux au ciel en se prenant les pieds / Celui qui parle du Big Will comme s'ils avaient joué ensemble aux osselets / Celle qui affirme et réaffirme qu'on ne peut être qu'immensément humble devant le moindre vers de Paul Celan le mystique du vocable / Ceux qui font dans la Quête de l'Absolu après avoir trempé dans les étants de l'Être celé / Celui qui affirme comme ça qu'il se jette de la tour Eiffel à chaque fois qu'il "prend la plume" alors que son Mac vient juste d'être révisé / Celle qui lance, au poète qui prétend écrire "la tête au bord du gouffre", allez Yorick lâche pas ton outil de pionnier ! / Ceux qu'y font des poésie après le départ de leur meuf alors qu'y suffisait de l'attacher comme je fais moi de ma Tulipe toujours à courir les prés sinon / Celui qui dit à la radio que sans l'Ecriture il n'eût pas hanté l'Absolu et précise à la télé qu'il aura été à la fois le matador et le taureau dans la corrida que fut sa vie d'écriture et là les ménagères vont voir où en est le frichti / Celle qui a baptisé son chien Desproges pour se sentir moins seule / Ceux qui devant l'Arbre s'arrêtent et cherchent à dire quelque chose qui puisse faire sentir au spectateur (la caméra de la Grande Librairie tourne, n'est-ce pas) combien ils ressentent l'Arbre autant que l'Arbre vit son propre senti /Celui qui se promène maintenant avec une canne genre Byron mais sans le génie / Celle qui parle de l'éclatante lumière sourde du verbe silencieux qu'elle essaie de transmetrre dans son poème Le Blanc du Temps que ses frères et soeurs de l'Atelier vont maintenant travailler au niveau des phonèmes / Ceux qui dans leur club de lecture échangent surtout des recettes de desserts / Celui qui est intarissable dans ses approches du non-dit / Celle qui explique clairement aux condamnés à perpète qu'à son Atelier on ne touchera qu'à l'essentiel de l'aporie tel qu'ils l'ont vécu au quotidien / Ceux qui se retournent dans la brume de l'exprimé pour voir si l'Ombre du Fatal les a suivis jusque-là / Celui qui pose devant la poterne en présentant son meilleur profil à la poternité / Celle qui essore le caleçon du poète en train de se livrer à ce qu'il appelle son corps-à-corps avec l'Indicible / Ceux qui ont gagné un prix avec leur docu sur les Poètes de l'Absolu et vont remettre ça avec Le Droit à la pauvreté, etc.
Peinture: Pierre Lamalattie.