La Terre tourne. Galilée l’avait dit à la suite de Copernic : la Terre tourne. Du moins dans notre univers. Car il en existe manifestement d’autres. Ainsi, un homme politique qui constaterait un effet descendant dans une courbe montante vivrait-il à l’évidence dans un univers différent du nôtre. Un univers qui se verrait doté d’une quatrième dimension par exemple. Peut-être la Terre y tourne-t-elle malgré tout ? Hélas, nous ne disposons pas des équations appropriées pour le décrire scientifiquement. C’est pourquoi nous ne parlerons que de notre univers à nous dans lequel nous vivons notre vie courante de tous les jours. Donc, notre terre tourne. Souvent de guingois mais elle tourne. Il existe des systèmes planétaires sans Terre. D’autres avec plusieurs soleils. D’autres avec une vaste Terre au milieu et des soleils qui tournent autour. Les systèmes planétaires de notre univers se révèlent divers et variés. Mais le nôtre, sis au sein de la Voie Lactée, est ainsi constitué que le soleil trône en son centre entouré de son cortège de planètes. Elles semblent à première vue désertiques et fort peu adaptées pour accueillir l’homme, sa femme, ses enfants, ses canaris et ses yorkshires. Notre terre le peut. C’est assez dire à quel point elle est bien faite. Elle tourne donc sur elle-même. Il lui faut une journée entière pour revenir à son point de départ. Cette révolution est donc, tout naturellement, divisée en deux phases, l’une diurne et l’autre nocturne.Comme la Terre tourne également autour du soleil, ces phases sont plus ou moins longues au cours de la période d’une année qui lui nécessaire pour en faire le tour. L’homme a très tôt repéré les dates où les phases nocturnes commencent à allonger et celles où elles raccourcissent. Il les a appelées solstices. Lorsque la plupart des arbres ont perdu leurs feuilles et que le gel parvient à fendre les pierres, les conditions de vie sont particulièrement difficiles et d’autant plus angoissantes que les nuits sont interminables. L’homme a donc fort justement appelé le jour du basculement vers des jours plus longs solstice d’hiver. Pour célébrer l’évènement comme il convient, il organise alors des festivités. Au début, il se contentait d’un zèbre, d’un éléphant ou même d’un phacochère qu’il rôtissait sur un foyer qu’il fabriquait avec des pierres ramassées au hasard. Jusqu’au jour où il inventa la cuisinière Aga et le guide Michelin. Il devint alors plus délicat. Il réserva les foyers sur terre battue aux barbecues et s’installa dans de grands restaurants avec serveurs distingués, rangée interminable de verres de cristal devant son écuelle et multiples couverts qui exigent une grande dextérité. Et il en faut pour enlever leurs arêtes aux poissons, décortiquer les crevettes ou découper des bouchées d’entrecôtes ni trop grosses ni trop petites. À minuit, la tradition veut que les convives qui le peuvent encore se lèvent, se congratulent et s’adressent des vœux de bonne santé et de prospérité. Ils consomment des boissons à bulles jusqu’à des huit heures du matin afin de vérifier de visu que le soleil revient bien comme prévu puis ils rentrent chez eux, se couchent et dorment en ronflant bruyamment jusqu’à la prochaine fois. Ces célébrations ont pris au fil du temps et selon les contrées des formes différentes. Des croyances tout à fait païennes s’y attachèrent d’abord. Des religions s’en emparèrent. Mais jusqu’à nos jours soi-disant rationalistes, les hommes se réunissent toujours avec le même esprit religieux qu’aux débuts de l’humanité. Car l’espoir reste identique de voir le monde tourner enfin un peu moins mal.