Les vacances de Noël sont toujours un moment fort de retrouvailles entre petits-enfants et grands-parents, charge pour les grands de trouver à occuper les petits. Divers critères doivent être pris en compte pour résoudre ce qui s’apparente à un casse-tête chinois.
Si petits et grands s’accordent à vouloir sortir ensemble et profiter de bons moments d’amusement ou de détente, les deux parties n’ont pas obligatoirement la même vision de ces fameux « bons moments ». Les petits, insatiables, sont prêts à grimper aux murs toute la journée, courir à droite ou à gauche, s’empiffrer de chocolats et de Big Mac, tête nue dans l’air frisquet. Les grands, dopés par l’énergie ajoutée des gamins seraient prêts à s’engouffrer dans leurs traces mais l’expérience pouvant être un frein, leur rappelle qu’à leur âge il ne faut pas oublier qu’ils n’ont plus leurs jambes d’antan, que leur estomac a ses intransigeances que la raison ne peut ignorer et que le port de la casquette et de chaussettes en laine n’est jamais superflu quand la date de péremption n’est plus aussi éloignée qu’on voudrait le croire.
Quand ces principes bien définis obligent à regarder les choses en face, la liste des sorties envisageables s’est réduite à peau de chagrin, jusqu’à ce que l’un des grands déclare « J‘ai une super idée ! » et d’exposer son plan. Cris de joie dans le salon, mines réjouies des uns et des autres, petits-enfants et grands-parents n’ont plus qu’à sauter dans leurs chaussures et filer vers le lieu des réjouissances annoncées.
Si les bonnes idées ne sont pas toujours les plus originales, dans le cas présent leur plus gros défaut est surtout d’être partagées par tout le monde ! Nous l’avons très vite constaté quand arrivés devant le musée Grévin, à la vue de la file d’attente s’étendant sur plusieurs centaines de mètres, nous avons réalisé que notre bonne idée l’était tellement que le monde entier l’avait eue – et ce n’est pas une figure de style puisque Chinois, Anglais et autres en étaient les preuves vivantes. Heureusement, l’achat de nos billets sur Internet – nous savons être modernes – fût un coupe-file redoutablement efficace. Dans un premier temps.
Dans un premier temps seulement. Sans ces billets déjà payés en main, nous aurions fait demi-tour, mais forts de notre avantage nous sommes entrés en conquérants narquois. Et la nasse s’est refermée dans notre dos ! Une ouvreuse aimable nous a poussés vers un escalier en marbre où stationnait immobile une foule impatiente. Ambiance métro un jour de grève. La visite commence par le Palais des Mirages, une petite salle où par groupes on assiste à un son et lumières à peine digne d’un concert du Pink Floyd de la grande époque. Après cette épreuve statique, la visite se poursuit à votre rythme mais dans la cohue, genre Grands magasins en décembre, pour voir les fameuses statues de cire.
Je suis déjà venu dans ce musée plusieurs fois, la première remontant à mon enfance, dans les années 1950, autant vous dire que l’effet de surprise n’agit plus. Marat gisant dans sa baignoire est toujours là, de même que Louis XI et ses geôles, par contre le people me semble en nette progression, les sportifs (Tony Parker gros succès) et artistes de variétés (Mika !) côtoient les Obama et Merkel. On peut déplorer des ressemblances approximatives (Romy Schneider) pour ne pas dire plus. Par contre le véritable intérêt de ces statues, c’est de voir en grandeur réelle des gens qu’on ne voit qu’à la télé ; certains semblent plus grands, d’autres plus petits.
La petite fille qui nous accompagnait, à moins que ce ne soit l’inverse, a fait des photos avec son téléphone portable tout neuf et elle semblait ravie de sa visite, même si la moitié des encirés lui étaient inconnus. Elle était heureuse, nous l’étions aussi de la voir heureuse, bref nous étions tous contents de notre sortie. C’était bien là l’essentiel.