Je vous souhaite une merveilleuse année pleine de joies, de jolies fleurs et de fruits délicieux.
La vigne américaine Vitis labrusca a été l'un de mes premiers achats à l'Arboretum des Barres. C'était, il y a quelques années, lors d'une Fête de l'Arbre. Ils avaient posé sur un plateau un grand nombre de ses grains de raisin pour les faire goûter et donner envie d'acheter la vigne. Ces grains étaient gros et très bons. Je suis partie avec mon pied de vigne.
J'ai planté cette vigne sauvage dans un coin sauvage du jardin suffisamment ensoleillé au pied d'un sureau noir tout aussi sauvage comme ce terrain sait en faire pousser sans me demander la permission. Ce sureau de 2m de haut avait pour mission de grandir en même temps que la vigne et de lui servir de support. A 4m au sud de ce sureau noir j'avais planté un sureau blanc (S. canadensis) soit-disant 'Aurea' qui n'a jamais eu le feuillage jaune ce qui est fréquent aussi pour S. nigra. Certains bouturent une branche jaune malheureusement non stabilisée apparue dans un feuillage vert.
Au printemps suivant la vigne n'avait pas repris. Je l'ai crue morte. Les deux sureaux ont beaucoup grandi, beaucoup épaissi, et ont formé une masse dense, presque impénétrable, un cube de 4m de côté ou plus qui rejoignait à l'est l'énorme tronc couvert d'un lierre épais d'un hêtre mort, terrassé par un chancre. Je ne m'occupais plus de cette zone sauvage sauf pour cueillir les fruits des sureaux. La chute des feuilles des sureaux est très tardive et pendant des années je n'ai pas vu qu'il y avait un autre feuillage dans tout cette verdure.
Mais le sureau noir a fini par s'effondrer obstruant le chemin d'accès en bas de cette butte et beaucoup de branches sont mortes. Le sureau blanc voulait absolument aller vers le sud et pour cela s'est lui aussi couché pour offrir tout son feuillage et ses fruits au voisin malgré des tailles annuelles. J'ai donc décidé de rabattre sévèrement ces deux sureaux pour n'en garder qu'un mètre de haut. Et j'ai enfin vu la vigne, énorme, couvrant et même surmontant toute la surface des sureaux, s'étendant en plus à l'est vers un autre sureau qu'elle surmonte aussi. s'accrochant dans le lierre du tronc de hêtre. Je suis en train de la maîtriser et ce sera un travail de plusieurs jours. J'ai déjà réussi à la faire reposer sur 3 arcades, pas obligatoirement tout-à-fait verticales car les grosses tiges sont rigides et je ne veux pas risquer de les casser. Il faudra une 4è arcade et l'élagage du 3è sureau pour faire redescendre à ma portée les tiges à l'est. La base du tronc du sureau noir sert de support au niveau d'une fourche au tronc de la vigne. De toute manière, je garde toujours les tronc morts, au moins une partie, pour la mini-faune qui en a besoin, et pas seulement pour des insectes, vous verrez plus loin.
L'ensemble de la vigne est facile à repérer, et j'ai ainsi pu tout conserver, parce que l'écorce est très différente de celle des sureaux, elle est d'un rouge très sombre, sans lenticelles ni crevasses. Sur les grosses tiges elle peut se détacher en très fines et très longues lanières. Voici la base de cette vigne, c'est le tronc à droite :
Elle sort d'une zone épaisse de lierre que je vais conserver et remplir de fumier. Il est temps de la nourrir, le sable si pauvre ne peut l'aider à produire.
A l'ouest de cet ensemble il y a encore 2 survivants qu'il va aussi falloir bien nourrir : une pivoine arborescente et un cognassier sauvage de la région à petits fruits de la forme et la taille d'une pomme que j'avais obtenu par bouture.
J'ai retracé en blanc sur la première photo une partie des tiges de la vigne que j'ai pu repérer :
Le tronc du sureau effondré, encore vivant, héberge une colonie débutante d'oreilles de Judas :
A partir de la grande colonie que je vous ai déjà montrée, j'ai essayé plusieurs fois d'en implanter sur d'autres troncs sans jamais réussir. Un champignon s'installe où il veut, pas où je veux.