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Episode la guerre des Reflets - La flèche II

Publié le 03 janvier 2014 par Alainlasverne @AlainLasverne

 

Episode guerre Reflets

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lle fondit soudain dans le défilé, pour tuer. Du haut du ciel lui vint l' imprévue riposte. Des salves sonores simples, débarrassées de l'instrumentalisation Organique. Du Langrèl unique, d'une pression inouïe sur une tonalité fatale.

La flèche transpercée tournait maintenant sur elle-même. Je sentis le chant de mes frères s'attacher à ce mouvement, l’intégrer à leur poème destructif. La mécanique cherchait maintenant un ennemi, marmottait ses mélos bâtardes, ses accros qui avaient séduits trop de Langueurs. Si nous avions vacillé au départ, le soleil nous voyait à cette heure droits et dignes. A peine quelques coulées d'encre, sur nos corps cristallins aux lignes anthracites, témoignaient de la hargne adverse.

La bête gronda, piqua sur le roc du défilé qui ne frémit pas d'un pouce, ne lâcha pas un éclat. Des répons rutilants lui tombèrent sur la pointe. Elle trembla, se cabra et le motrifié clignota dans un dernier feux d'artifice corrompu, en Mercial ternaire.

Il glissa, le pauvre Langrèl asservi, il glissa enfin à terre. Son corps était jauni, ridé et privé de cette lumière intérieure que nos ennemis même nous enviaient. Il me faisait pitié, ce corps marqué à jamais par les sangles sémantiques. Une bile verte coulait de son torse, des reflets morts courraient encore sur lui. Il lança son motra, son pauvre motra roboïde, mais nous n'avions aucun mal à ignorer cette séduction de bazar.

La flèche grondait, des écailles d'acier tombaient de son corps. Des étincelles en jaillissaient comme d'un laminoir. Elle se tordit et j'eus peur qu'elle ne se lançât sur le motréfié à l'agonie pour lui faire payer. Elle se cambra, sa carapace ondula et dans le ciel soudain jaillit.

Un acte désespéré, un réflexe quasi-inconscient de la bête aux rouages presque désagrégés par nos salves. Un nuage, je m'en souviens, venait occulter la bataille. S'était-elle servie de la lueur solaire affaiblie, ou bien avait-elle jailli comme un animal des profondeurs cherchant à devancer l'hameçon qui l'embarque ?...Langueur-sable ne le saura jamais. Mon pauvre sable, touché de plein fouet. Son corps des plus lumineux s'opacifia soudain. Il s'écroula sur le roc brûlant, coupé en deux. Ses deux membres tentaient de se rejoindre, lançaient une onde ultime que nous essayâmes de relancer, dans un dernier espoir. 

La bête d'acier s'est finalement allongée là où l'ombre est profonde. Nous sommes descendus dans le défilé, nos yeux déjà secs. Demain, il y aurait d'autres batailles, d'autres danses de guerre, d'autres concerts de mort.

Il fallait peut-être tenter de faire parler l'animal mécanique. Tenter de savoir où en était le monde, savoir si les Langrèls avaient un avenir.

Elle était bel et bien cassée, au-delà de tout contact. La tête avait éclaté et le corps portait de profondes fractures. Par précaution, je lançais une dernière salve sonique et nous réunîmes autour de langueur-sable qui fonçait de plus en plus avec la mort qui l'emportait. Je me souvins de nos courses exquises dans les champs sémantifères de notre jeunesse et je soufflais pour lui un bref poémos de quelques labes des plus anciennes, que les autres reprirent en sourdine dans l'ombre du défilé.

Du motréfié, il ne restait plus grand-chose, le Mercial avait aspiré sa grâce et sa force, à tel point qu'il ne demeurait aucune marque de sa forme pure. Nous nous serrâmes, en proie à la terreur de ressembler un jour à cette chose difforme, et toujours aussi incertains sur notre avenir.

Beaucoup dissipaient les doutes dans la fureur de l'engagement. Mais là, devant nous, un frère. Un frère qui avait pu devenir cette chose étrange à nos pieds. Le combat ne détruirait jamais cette énigme. Le Mercial frappait partout, voilà tout ce que nous savions. Tout le monde était prévenu, personne n'était assuré d'en réchapper.

Je ramenais mes frères vers le soleil et sonnais le repli vers nos terres, vers nos foyers. Là où nous pourrions souffler et fortifier notre ignorance, accepter les combats aveugles dans le simple réconfort de notre présence mutuelle et de nos chants originels.


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